Alors que la saison des salons de l'auto bat son plein, en coulisses, les constructeurs d'origine japonaise présents de longue date au Canada appréhendent de subir bientôt un sérieux handicap douanier face à leurs concurrents d'origine européenne et coréenne.

La raison? La conclusion d'une entente de libre-échange entre le Canada et l'Europe et bientôt, dit-on à Ottawa, d'une entente semblable avec la Corée du Sud. Pendant ce temps, un tel projet entre le Canada et le Japon tarde à aboutir.

Dans le marché automobile, la conclusion de ces ententes permet d'envisager une réduction significative du tarif douanier canadien de 6% sur les véhicules importés des pays impliqués, hors de l'Amérique du Nord (zone de libre-échange nord-américain avec les États-Unis et le Mexique, ou ALENA).

Rabais tarifaires

Or, au rythme où progressent les négociations commerciales du Canada avec certains pays ou régions autres que le Japon, les constructeurs automobiles d'origine japonaise craignent qu'un éventuel handicap douanier nuise à leur compétitivité commerciale au Canada.

«Nous ne voulons pas être désavantagés sur le marché canadien par rapport à des concurrents d'Europe et de Corée qui pourraient bénéficier bientôt de rabais tarifaires sur leurs importations de véhicules au Canada», a indiqué David Worts, directeur général de l'Association des manufacturiers automobiles japonais du Canada (JAMA).

«Tout ce que nous souhaitons, c'est le maintien d'un «terrain égal» sur le marché canadien parmi les importateurs de véhicules de l'extérieur de la zone de l'ALENA», a dit M. Worts durant un entretien hier en marge de la journée de presse au Salon international de l'auto de Montréal, qui débute aujourd'hui au Palais des congrès.

En appui au maintien d'un «équilibre tarifaire» parmi les importateurs de véhicules, les constructeurs d'origine japonaise font valoir que ce sont eux qui investissent le plus au Canada, après les trois grands constructeurs américains, dans leurs activités commerciales mais aussi industrielles.

«En plus de leurs réseaux de concessionnaires, des constructeurs japonais ont des usines d'assemblage de véhicules et de pièces qui emploient des milliers de Canadiens. Nous contribuons déjà beaucoup plus à l'économie canadienne que nos concurrents d'origine européenne et coréenne, qui ont surtout des activités de vente et d'entretien», fait valoir M. Worts.

À son avis, ces facteurs économiques sont déjà considérés par les autorités gouvernementales au Canada qui auront bientôt à entériner des nouveaux traités de libre-échange et qui sont les plus interpellées par l'état de l'industrie automobile au Canada.

Vers une réduction

Quant à l'intérêt des consommateurs dans ce débat, David Worts estime qu'il serait le plus évident dans la réduction du tarif douanier à l'importation de véhicules d'outre-mer. D'autant plus qu'à 6%, le tarif canadien est deux fois plus élevé que celui des États-Unis sur les automobiles importées de l'extérieur de l'ALENA.

Néanmoins, insiste M. Worts, le cheminement vers une telle réduction de tarif doit s'effectuer de façon équitable parmi les importateurs de toutes origines, sans avantage découlant d'un traité commercial spécifique entre le Canada et certains pays.

L'industrie automobile japonaise au Canada

> 4 complexes d'assemblage de véhicules en Ontario (Toyota (2), Honda et Hino) qui emploient 11 240 personnes

> 39 usines de pièces et composantes (3 au Québec) qui emploient 14 350 personnes

> 575 225 véhicules vendus en 2013 (33% du marché)

> Environ 900 000 véhicules assemblés en 2013, dont les trois quarts exportés aux États-Unis et au Mexique