Le Trésor américain a cédé lundi ses dernières parts dans General Motors, concluant une intervention historique de l'État dans le sauvetage du constructeur automobile il y a quatre ans, en pleine crise financière.

«J'ai le plaisir d'annoncer que nous avons vendu cet après-midi» les parts restantes dans GM, a annoncé le secrétaire au Trésor Jack Lew dans un communiqué. Il a ajouté que cette vente «clôturait un important chapitre de l'histoire» du pays.

Il restait environ 30 millions de titres GM, soit 2,2% du capital du groupe, entre les mains du Trésor depuis sa dernière vente le 21 novembre, a précisé un responsable du Trésor.

L'administration n'a pas indiqué lundi à quel prix elle a cédé ces derniers titres, mais l'action GM a clôturé à Wall Street lundi à 40,90 dollars (+1,82%), ce qui valorise la part vendue par l'État autour de 1,2 milliard de dollars.

Le PDG du groupe Dan Akerson a réagi en affirmant que GM «serait toujours reconnaissant d'avoir eu une seconde chance».

A grand renfort de fonds publics, l'État américain avait volé au secours du géant automobile, qui, acculé de dettes et face à un secteur en crise, a dû déposer le bilan en 2009. Le plan de sauvetage qui a totalisé 49,5 milliards de dollars, entrait dans le cadre du programme d'aide baptisé TARP («Trouble Asset Relief Program») destiné aux banques et au secteur automobile en difficulté. Le Trésor avait octroyé des prêts à GM, ensuite transformés en participation représentant une nationalisation provisoire du premier constructeur automobile américain, l'État détenant finalement 60% du capital.

L'opération s'est soldée sur le plan comptable par une perte d'environ 10 milliards de dollars pour les contribuables, le Trésor estimant n'avoir récupéré que 39 milliards de dollars sur son investissement sur GM.

Au total, avec l'aide apportée également à Chrysler et à Ally Financial, le volet automobile du programme d'aide de l'État lors de la crise financière est déficitaire de près de 15 milliards de dollars, a précisé un responsable du Trésor.

1,2 million d'emplois préservés

Mais les responsables du Trésor ont fait valoir lundi que «les pertes auraient été bien pires pour l'État fédéral si on n'avait pas agi», citant non seulement une faillite financière du constructeur, mais des pertes en emplois, en collecte d'impôt et en transferts de retraites.

Dans un communiqué le président américain Barack Obama a rappelé que «le coeur de l'industrie manufacturière américaine était sur le point de s'effondrer» en 2009.

«En tant que président, j'ai refusé que cela arrive. J'ai refusé d'abandonner les travailleurs américains et une icône de l'industrie américaine», a-t-il ajouté dans un communiqué.

«Moins de cinq ans plus tard, chacun des constructeurs est désormais assez fort pour être autonome. Ils font des bénéfices pour la première fois depuis près de 10 ans», a poursuivi M. Obama.

Selon Jack Lew, «l'inaction aurait coûté plus d'un million d'emplois, des milliards de dollars économisés pour les retraites et aurait nettement réduit la production économique». Il a souligné que depuis le sauvetage, «370.000 nouveaux emplois avaient été créés dans le secteur automobile».

L'intervention de l'État pour sauver un tel géant industriel de la faillite n'avait pas fait l'unanimité aux États-Unis.

Le candidat républicain à la présidence Mitt Romney, qui était en faveur d'une «faillite ordonnée» du numéro un de l'automobile américain, avait publié une tribune dans le New York Times titrée «Laissez Détroit faire faillite».

Une étude publiée lundi par le Center for Automotive Research a néanmoins montré que le sauvetage de GM avait préservé 1,2 million d'emplois et qu'il y aurait eu un manque à gagner de 39,4 milliards de dollars d'impôts si l'entreprise n'avait pas vécu.

L'ensemble du programme TARP (Programme de délestage d'actifs douteux), qui concernait aussi l'aide aux banques, a rapporté à ce jour 432,7 milliards de dollars alors que le Trésor a déboursé 421,8 milliards. Ce décompte ne prend toutefois pas en compte l'aide aux géants du refinancement immobilier Freddie Mac et Fannie Mae.