Le constructeur automobile Chrysler, contrôlé par le groupe italien Fiat, a lancé officiellement lundi la procédure qui pourrait conduire à son retour à la Bourse après 15 ans d'absence.

Le groupe américain a publié lundi soir une version préliminaire de son document d'introduction en Bourse (S-1), consultable sur le site du gendarme boursier américain (SEC). Ce document évoque un montant maximum pour l'opération de 100 millions de dollars, mais précise que cette estimation vaut «seulement pour le calcul des frais d'enregistrement».

Dans un communiqué séparé, Chrysler affirme pour sa part que «le nombre d'actions qui sera proposé et la fourchette de prix n'ont pas encore été déterminés».

La date de l'opération n'est pas non plus fixée. Sergio Marchionne, le patron de Fiat et Chrysler, avait toutefois estimé il y a une dizaine de jours que l'entrée en Bourse était «possible d'ici la fin de l'année mais plus probable au premier trimestre 2014».

Les titres mis en Bourse seraient vendus par le fonds de pension Veba du syndicat de l'automobile UAW, qui détient les 41,5% du capital de Chrysler que Fiat ne contrôle pas encore, indique Chrysler dans son communiqué, rappelant toutefois que la réalisation de l'opération n'est pas certaine.

Tactique de négociation?

Le lancement de la procédure d'entrée en Bourse «pourrait juste servir de tactique de négociation», n'exclut pas Alec Gutierrez, un analyste du cabinet Kelley Blue Book spécialisé dans les données sur le marché automobile et les prix des véhicules d'occasion.

Veba ne souhaite pas conserver ses parts à long terme, et Fiat ne cache pas son intérêt pour les racheter. Mais les deux actionnaires n'arrivent pas à se mettre d'accord sur le prix: d'après des chiffres cités récemment par le Financial Times, Fiat évalue la totalité de Chrysler à 4,2 milliards de dollars et Veba à 10,3 milliards.

L'introduction en Bourse n'est pas la solution préférée de Fiat, mais faute d'un accord entre les deux actionnaires, elle permettrait de fixer la valeur de Chrysler. L'opération faciliterait ainsi la sortie de Veba du capital et la fusion du constructeur américain avec sa maison mère italienne. L'une des questions en suspens est ce qu'il adviendrait dans ce cas de la cotation de Fiat à la Bourse de Milan.

Chrysler, qui avait été fondé en 1925, est l'un des trois grands constructeurs automobiles --les «Big Three»-- de Detroit, avec Ford et General Motors.

La société avait quitté la Bourse de New York lors de sa fusion en 1998 avec son concurrent allemand Daimler, qui avait donné naissance au groupe DaimlerChrysler.

Le mariage n'avait toutefois duré que neuf ans. Chrysler était passé sous le contrôle du fonds d'investissement Cerberus en 2007, puis sous celui de Fiat en 2009, à sa sortie d'une procédure de faillite à laquelle l'avait contraint la crise financière.

Sous l'impulsion de Sergio Marchionne, Chrysler a énormément renouvelé sa gamme de véhicules, commercialisés sous son nom ainsi que sous les marques Dodge, Jeep ou Ram, et nettement redressé ses résultats.

La société a enregistré sur les six premiers mois de l'année un chiffre d'affaires de 33,4 milliards de dollars, pour un bénéfice net de 764 millions de dollars, et employait près de 70.400 personnes fin juin, selon des données fournies dans le document boursier.

«Le constructeur s'approche de quatre années de croissance ininterrompue tout en étant en pointe sur beaucoup de segments de véhicules en termes de technologies et d'économies de carburant», souligne Karl Brauer, un autre analyste du Kelley Blue Book. «C'est un moment stratégique pour que la marque entre en Bourse.»

- Avec Agence France Presse -