Nouveau patron, révocation de deux membres du directoire, et maintenant menaces sur les emplois des cadres dirigeants: General Motors semble avoir décidé de donner un grand coup de balai dans sa filiale en difficulté Opel.

La marque allemande a annoncé le 12 juillet à la surprise générale la démission de son dirigeant Karl-Friedrich Stracke, en poste depuis quinze mois seulement. Un départ dont les raisons n'ont toujours pas été officiellement expliquées.

Cependant, d'après des médias allemands, M. Stracke aurait fait les frais de l'impulsivité du PDG de GM, Dan Akerson. Venu à Rüsselsheim, siège d'Opel, pour consulter les derniers chiffres de ventes, il aurait vu rouge et immédiatement congédié M. Stracke.

Le géant américain, maison-mère d'Opel depuis 1929, n'est guère réputé pour sa patience à l'égard de sa filiale en difficulté depuis des années, qu'il avait d'ailleurs failli vendre en 2009.

La persistance des mauvaises performances de la marque à l'éclair ne fait rien pour le rendre plus avenant: entre janvier et fin juin, les ventes d'Opel ont chuté de 15% par rapport au premier semestre 2011.

Sommé de renouer rapidement avec les bénéfices, Opel a vu défiler ces trois dernières années trois dirigeants, une valse des chefs qui contribue à ternir davantage son image et complique grandement la mise en place d'une stratégie de long terme.

Pour succéder à M. Stracke, Opel a désigné mardi Thomas Sedran, un expert ès restructuration d'entreprises. Son passage à ce poste devrait être temporaire, en attendant de trouver le remplaçant idéal.

Steve Girsky, vice-président de GM et chef du conseil de surveillance d'Opel, assure lui l'intérim à la tête de GM Europe, poste également laissé vacant par M. Stracke.

Le bouleversement au sein de la direction ne s'est pas arrêté là. Mercredi, le fabricant de la Corsa a fait savoir qu'il remplaçait deux membres de son directoire à des postes clés, les finances et la recherche et développement.

Le premier est confié à Michael Lohscheller, débauché auprès du concurrent Volkswagen. Le second revient à Michael Ableson, 25 ans de carrière chez GM. Ils sont censés «accélérer le plan de revitalisation d'Opel», a souligné Steve Girsky.

Opel pourrait se séparer de 500 cadres dirigeants

Considéré comme le dauphin de Dan Akerson, M. Girsky a de fait pris en main le sort d'Opel et de la marque jumelle au Royaume-Uni Vauxhall.

C'est lui qui a appelé, le jour de la nomination de M. Sedran, à «réduire la bureaucratie et changer la culture de (l')entreprise».

Son discours a été salué par le chef du comité d'entreprise d'Opel, Wolfgang Schäfer-Klug, pour qui «la nouvelle équipe (formée) autour de Steve Girsky est le signe d'un changement dont Opel/Vauxhall a un besoin urgent: des structures de direction amincies, de la transparence, une capacité à prévoir et à s'imposer, pour remettre Opel sur le chemin de la croissance».

Depuis, le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung a révélé qu'Opel envisageait de se séparer de 500 cadres aux plus hauts niveaux hiérarchiques. Soit moins que voulu par M. Girsky, qui aurait évoqué le chiffre de 2.400, selon le journal, citant sous couvert d'anonymat deux membres du conseil de surveillance.

Le constructeur n'a pas commenté cette information.

Ces grandes manoeuvres n'inquiètent pas le comité d'entreprise, dont le président assure qu'il n'y a «pas de raison de paniquer». Mais d'autres représentants du personnel s'en émeuvent, redoutant une remise en cause des négociations engagées récemment pour garantir qu'il n'y aura pas de fermeture de sites en Allemagne d'ici fin 2016.

Thomas Sedran a tenté de rassurer, dans un entretien jeudi au journal Mainzer Allgemeine Zeitung. «Nous sommes des entrepreneurs responsables et honnêtes et nous allons respecter tous les accords et arrangements existants sans les modifier», a-t-il promis.