Le patron du constructeur automobile allemand Opel et président de General Motors Europe, a décidé de démissionner de ces deux fonctions, a annoncé jeudi Opel, qui semble avoir été pris au dépourvu par cette décision. Karl-Friedrich Stracke doit désormais assurer des «missions spéciales» pour GM, a ajouté dans un communiqué la filiale du géant américain de l'automobile, sans préciser de quelles missions il s'agissait.

Il sera remplacé par intérim à la tête de GM Europe par le vice-président de GM et chef du conseil de surveillance d'Opel, Stephen Girsky.

«La recherche d'un successeur pour Karl-Friedrich Stracke a débuté», a ajouté Opel, précisant que son conseil de surveillance allait se réunir sous peu pour désigner, en attendant, un successeur par intérim à la tête d'Opel groupe.

Des propos qui montrent que le retrait de M. Stracke est loin d'avoir été planifié à l'avance et prend quelque peu au dépourvu un groupe qui se débat depuis des années pour tenter de retrouver le chemin de la rentabilité.

Sa part de marché en Europe ne cesse de fondre - atteignant 7,2% en mai contre 7,6% un an plus tôt -, à l'instar de ses ventes, en recul de 12,6% en mai sur douze mois.

Le dirigeant, âgé de 56 ans, est à la tête d'Opel et de son pendant britannique Vauxhall depuis 2011, et de GM Europe depuis janvier 2012.

Il n'a depuis pas cessé de négocier avec sa maison-mère d'un côté, avec les salariés d'Opel de l'autre, pour tenter d'aboutir à un projet qui permette au groupe de repartir sur de bonnes bases.

Fin juin, le conseil de surveillance avait validé les nouvelles orientations présentées par M. Stracke et grâce auxquelles l'entreprise espère relever la tête. Elles sont basées sur la réduction des coûts, le repositionnement de la marque et le déploiement hors d'Europe.

«Je pars en sachant que Opel/Vauxhall est sur la bonne voie et me réjouit de prendre de nouvelles fonctions au sein de GM», a déclaré M. Stracke, cité dans le communiqué du groupe.

Ce à quoi le patron de GM, Dan Akerson, a répliqué: M. Stracke «a travaillé sans relâche, et sous forte pression, pour stabiliser les activités. Nous lui sommes reconnaissants de pouvoir continuer à construire sur ses succès», peut-on encore lire dans le communiqué qui semble ainsi confirmer que GM a l'intention de continuer à s'appuyer sur ce plan.

Ce départ «ne change rien au plan décidé pour l'avenir. Opel s'en tient à la stratégie décidée récemment», a d'ailleurs commenté un porte-parole d'Opel interrogé par l'AFP.

Opel et son pendant britannique Vauxhall comptent notamment lancer 23 nouveaux modèles entre 2012 et 2016, réduire les coûts de matériel, de développement et de production, tout en renforçant leur présence hors d'Europe.

Le fabricant automobile souhaite regagner ainsi la confiance des consommateurs et revoir en profondeur son positionnement.

Cette offensive va permettre au constructeur de redevenir rentable «sur la durée», a promis à de multiples reprises ces dernières semaines M. Stracke.

Côté social, alors que le français PSA Peugeot Citroën vient d'annoncer vouloir supprimer 8000 postes en France, Opel a décidé de négocier avec les syndicats sur l'exclusion jusqu'à fin 2016 (contre 2014 aujourd'hui) de tout licenciement économique ou de fermeture d'usine en Allemagne, en échange du report d'une hausse des salaires qui devait intervenir en mai.

Les négociations doivent se poursuivre jusqu'en octobre, selon le syndicat IG Metall.

En 2010, le groupe avait adopté un plan de restructuration qui s'était traduit par la suppression de 8000 emplois sur 48 000 en Europe et par la fermeture de l'usine d'Anvers (Belgique).