Volkswagen va ajouter une pierre à son édifice et à son ambition de devenir le plus grand constructeur automobile mondial, en finalisant le rachat de Porsche dès le mois d'août, l'aboutissement d'un long processus.

Après deux ans et demi de fiançailles, l'union entre le premier constructeur automobile européen, qui souhaite devenir numéro un mondial en 2018, et le constructeur de voitures de luxe va enfin se concrétiser.

Les deux groupes ont annoncé mercredi soir que Volkswagen, qui détient déjà 49,9% de Porsche AG, en acquerra «probablement dès le 1er août» les parts restantes auprès de leur holding commune, Porsche SE, pour un montant de 4,46 milliards d'euros plus une action Volkswagen.

Volkswagen avait déjà déboursé 3,9 milliards pour acquérir 49,9% de Porsche AG.

Cette intégration est «bonne pour Volkswagen, bonne pour Porsche et bonne pour les sites de production en Allemagne», a affirmé jeudi lors d'une conférence de presse Martin Winterkorn, patron à la fois du groupe Volkswagen et de Porsche SE.

Elle doit permettre de dégager des synergies d'environ 320 millions d'euros qui seront réparties à parts égales entre les deux constructeurs et se traduira pour la holding par un effet exceptionnel positif estimé à 7 milliards d'euros, de quoi lui permettre de se désendetter.

En outre, «le résultat opérationnel annuel de Volkswagen ne sera probablement pas affecté» par cette acquisition, estime Franck Biller, analyste de la banque LBBW.

Les noces des deux constructeurs surviennent après bien des péripéties. Ils avaient initialement prévu de fusionner avant fin 2011, mais avaient dû y renoncer en raison de plaintes aux États-Unis et en Allemagne d'investisseurs estimant avoir été floués lors du rapprochement à rebondissement des deux groupes en 2009.

En lieu et place de fusion, ils ont donc opté pour un rachat de Porsche par Volkswagen.

Cette opération permet à Volkswagen de mettre la main sur le roi de la rentabilité dans le segment du haut de gamme. Porsche a réalisé en 2011 le meilleur bénéfice net de son histoire à 1,46 milliard d'euros.

Volkswagen pourra aussi élargir son offre et profiter du savoir-faire de Porsche en matière de bolides de luxe, et aura les mains libres pour faire prendre à Porsche les orientations souhaitées.

Si la coopération des deux entités est déjà effective depuis 2009, avec notamment la construction de modèles Porsche dans des usines du groupe Volkswagen, l'achèvement de leur union fera officiellement de Porsche la onzième marque du groupe VW, qui possède entre autres Skoda, Seat, Audi, Bugatti et Bentley.

«Avec Porsche, Audi et Bugatti, Volkswagen a désormais une position de monopole sur le marché des voitures haut de gamme», avec 40% du marché mondial, souligne Ferdinand Dudenhöffer, professeur à l'Université de Duisburg-Essen, interrogé par l'AFP.

Porsche bénéficiera de cette alliance en réalisant des économies d'échelle et en ayant accès aux technologies développées par les autres marques du groupe.

«Porsche profite de l'intégration, Volkswagen en profite, le seul qui n'en profite pas, c'est le contribuable allemand», a relevé M. Dudenhöffer.

Les conditions et le calendrier de la transaction ont en effet fait des vagues en Allemagne ces dernières semaines. Si elle intervenait avant 2014, elle risquait de se traduire pour Volkswagen par le paiement d'impôts, pour un montant allant jusqu'à 1,5 milliard d'euros selon médias et analystes.

Porsche et Volkswagen ont donc cherché des solutions en commun pour achever de se rapprocher avant cette date à moindre frais en menant des consultations avec le fisc. Finalement, le coût de l'opération s'élève à «plus de 100 millions d'euros», a indiqué jeudi Hans Dieter Pötsch, le directeur financier de VW.

Ce mariage de raison est aussi la réussite de la vision du patriarche Ferdinand Piëch, président du conseil de surveillance de Volkswagen et grand actionnaire familial de Porsche.

Mais il sonne comme un cruel retour de fortune pour Porsche, qui avait échoué en 2008 à acquérir Volkswagen, au prix d'un endettement élevé, et avait dû se résoudre en 2009 à passer sous le contrôle de son rival.