Le numéro un mondial de l'automobile, l'américain General Motors (GM), et le français PSA Peugeot Citroën vont s'allier pour produire ensemble certaines parties de leurs voitures, mais sont restés muets sur l'impact social de leur rapprochement, qui suscite des craintes.

Les synergies attendues sont de l'ordre de deux milliards de dollars par an d'ici cinq ans, et les principaux volets de l'accord devraient être opérationnels au second semestre 2012.

En revanche, le rapprochement capitalistique est limité. L'accord prévoit que le groupe américain devienne le deuxième actionnaire du premier constructeur français, en mettant la main sur 7% du capital.

Les deux groupes mettront en commun des plates-formes de production, c'est-à-dire la fabrication de toute la partie «non visible» de la voiture, telle que le châssis par exemple, mais chacun des constructeurs continuera de vendre sous sa propre marque «de façon indépendante et concurrentielle», selon le communiqué commun.

GM et PSA commenceront à oeuvrer en commun sur les voitures particulières petites et moyennes, et poursuivront ensuite avec une nouvelle plateforme «pour les véhicules à faibles émissions de CO2».

L'intérêt est de «faire jouer un effet volume, à réduire les coûts liés au développement de nouvelles technologies et aux émissions de CO2, ainsi qu'à gagner en efficacité». Les premiers véhicules bâtis sur ces troncs communs seront commercialisés à partir de 2016.

L'autre volet de l'alliance prévoit que les deux groupes mutualisent leurs achats de biens et de services, en créant une coentreprise, là encore pour bénéficier de l'effet masse des deux constructeurs qui prévoient un «volume d'achat combiné de 125 milliards de dollars».

PSA procédera aussi à une augmentation de capital d'un milliard d'euros (sur une capitalisation d'environ 3,5 milliards d'euros mercredi soir), dont le succès est garanti par une alliance de plusieurs banques et la famille Peugeot, qui souscrira à hauteur de 150 millions d'euros.

À l'issue de l'opération, GM devrait injecter environ 300 millions d'euros dans PSA.

Silence radio sur l'emploi

Les deux groupes sont restés muets sur d'éventuelles suppressions d'emplois ou fermetures d'usines liées à cet accord.

Le ministre français de l'Industrie, Éric Besson, a toutefois annoncé peu après la diffusion du communiqué avoir obtenu de PSA des assurances sur le fait que l'alliance sera «favorable» à l'emploi de PSA en France.

En revanche, selon une source proche du dossier citée mercredi par l'agence Dow Jones Newswires, General Motors prévoirait des suppressions d'emplois et des fermetures potentielles d'usines en Europe, où le groupe est présent par sa filiale allemande à problèmes Opel, qui accumule les pertes et freine sa croissance.

Les représentants des salariés d'Opel et de Vauxhall (branche britannique d'Opel) ont immédiatement réagi à l'annonce en demandant une répartition «équitable» des «chances et des risques» avec le français PSA.

Le syndicat CGT de PSA s'interroge aussi «sur les conséquences sociales d'un rapprochement entre PSA et GM et notamment» avec Opel qui «produit des véhicules sur les mêmes gammes que PSA».

L'objectif pour PSA est de redresser la barre, après avoir écoulé 1,5% de véhicules en moins dans le monde l'an dernier à 3,5 millions d'unités, tandis que son bénéfice net a été divisé par deux à 588 millions d'euros, une mauvaise performance due à la faiblesse de sa branche automobile qui elle, a plongé dans le rouge.

Le président du directoire de PSA, Philippe Varin, cité dans le communiqué, a estimé ce «partenariat très riche de potentialités», et Dan Akerson, PDG de GM y voit une «formidable opportunité».