L'Europe a pesé sur les résultats de Ford, réduisant les bénéfices du deuxième constructeur américain en 2011, même si la vigueur du marché nord-américain lui a permis de générer des ventes meilleures que prévu et devrait continuer à tirer le groupe en 2012.

«La détérioration de l'environnement extérieur s'est ressentie sur nos opérations en dehors de l'Amérique du Nord et s'est traduite par des marges plus faibles que les prévisions que nous avions données en octobre», a admis le directeur général Alan Mulally lors d'une conférence avec des analystes.

Le bénéfice net part du groupe 2011 est ressorti à 20,2 milliards de dollars et celui du quatrième trimestre à 13,6 milliards de dollars, mais ces chiffres comprennent un gain comptable exceptionnel de 12,4 milliards de dollars.

En excluant le gain comptable dû à un abaissement de la valorisaton des actifs imposables, le bénéfice net 2011 a progressé de 18% comparé à 2010, et ressort à 1,66 dollar par action alors que les analystes tablaient sur 1,84 dollar.

Des résultats qualifiés de «médiocres» par le site d'analystes 247wallst.com. «Le quatrième trimestre était faible mais les prévisions pour 2012 sont plus solides», ont tempéré les analystes de Deutsche Bank.

L'action reculait de 3,12% à 12,39 dollars vers 16H45 GMT, réduisant ses pertes par rapport au début de séance.

Il y a un an, Ford avait déjà déçu les analystes avec un quatrième trimestre moins bon que prévu et son action avait également piqué du nez.

Le chiffre d'affaires annuel a dépassé les attentes de Wall Street, à 136,3 milliards de dollars, en hausse de 13% sur un an.

Au quatrième trimestre, le bénéfice hors éléments exceptionnels s'élève à 20 cents, alors que le marché tablait sur 25 cents. Les ventes ont atteint 34,6 milliards de dollars, en hausse de 6,5% sur un an et meilleures qu'attendu, tirées par l'Amérique du Nord.

Sur les trois derniers mois de l'année, le bénéfice opérationnel du groupe a bondi de 33% comparé à un an plus tôt en Amérique du Nord, à 889 millions de dollars, grâce à une hausse des ventes en volume et en valeur, qui ont compensé la hausse des coûts de matières premières et de fret.

Cette année, l'Amérique du Nord devrait rester le moteur de la croissance de Ford: «c'est notre plus grande division et elle devrait fortement contribuer à (nos résultats) de 2012», a affirmé le directeur financier Lewis Booth.

L'Europe reste le talon d'Achille du constructeur: il y a enregistré une perte opérationnelle de 190 millions de dollars au quatrième trimestre, trois fois plus importante qu'un an auparavant.

M. Mulally a souligné que la division européenne avait souffert d'une «année difficile en raison du prix élevé des matières premières et du ralentissement économique». Mais il a souligné que le groupe avait mené un effort de «restructuration en Europe depuis une décennie».

Le taux d'utilisation des usines a été de 93% en Europe, a-t-il fait savoir alors que l'ensemble du secteur souffre sur le Vieux Continent d'une surcapacité persistante.

«Nous sommes en position d'être compétitifs à l'avenir», a-t-il assuré. Mais son directeur financier s'est refusé à faire des prévisions pour l'Europe en 2012, estimant qu'il était «trop tôt pour avoir une vision claire» de l'année en cours.

Ford a, comme il l'avait annoncé préalablement, enregistré une perte en 2011 dans sa région Asie-Pacifique en raison des inondations en Thaïlande, à hauteur de 83 millions de dollars au quatrième trimestre contre un bénéfice de 23 millions de dollars à la même époque de 2010.

En Amérique du sud, le bénéfice opérationnel a atteint 108 millions de dollars au quatrième trimestre, en baisse de 61% sur un an en raison d'un taux de change défavorable et du coûts de matières premières.

Le groupe a fini l'année 2011 avec 22,9 milliards de dollars de cash contre 20,5 milliards un an plus tôt, pour une dette de 13,1 milliards de dollars.