Le patron du groupe automobile italien Fiat et de son partenaire américain Chrysler, Sergio Marchionne, a souligné vendredi la nécessité pour les deux groupes de fusionner à terme tout en indiquant qu'ils avaient encore «du temps».

«Nous devons mettre ensemble les systèmes de (gouvernance) d'entreprise et pas seulement (les systèmes) opérationnels comme nous l'avons fait», a déclaré M. Marchionne, qui dirige les deux groupes, lors de la conférence téléphonique de présentation des résultats trimestriels de Fiat.

Selon lui, Fiat et Chrysler ont encore «beaucoup de temps pour tenter de déterminer quelle est la solution optimale pour combiner les deux entités», mais il leur faudra tout de même trouver une «convergence» «à un certain moment entre maintenant et la conclusion de notre plan (stratégique) en 2014».

Une intégration totale entre les deux groupes, via une fusion, a toujours été considérée comme l'issue logique de leur alliance, mais M. Marchionne a été vendredi plus clair que d'habitude sur la nécessité d'y arriver à terme.

Ce sujet est sensible en Italie, où Fiat est accusé par certains syndicats de délaisser la péninsule pour les Etats-Unis depuis qu'il s'est allié à Chrysler.

Une éventuelle fusion est soutenue par les Agnelli, famille fondatrice de Fiat qui en est l'actionnaire principal avec une part de 30,4%.

Fiat a pris les commandes opérationnelles de Chrysler en juin 2009, lors de la sortie du dépôt de bilan de l'américain, et le contrôle depuis juin dernier après être monté à plus de 50% du capital en rachetant la part détenue par les Etats-Unis.

Il dispose précisément de 53,5% et doit encore monter à 58,5% d'ici la fin de l'année lorsque Chrysler aura produit une voiture économe en carburant basée sur un châssis Fiat.

Les deux groupes, qui sont déjà largement intégrés sur le plan opérationnel et disposent d'une équipe de direction commune, comptent devenir ensemble un géant de l'automobile, produisant 6 millions de véhicules par an en 2014 contre environ 4 millions actuellement.

L'une des questions les plus importantes à régler avant une éventuelle fusion est celle de la part de plus de 40% de Chrysler détenue par le syndicat UAW, a souligné M. Marchionne.

Cette part peut être cédée dans le cadre d'une introduction en Bourse de Chrysler, mais ce projet a été retardé en raison des conditions de marché, ou acquise par Fiat qui dispose d'une option d'achat.

«Toutes les options sont sur la table», a assuré M. Marchionne.

La volonté de Fiat, annoncée jeudi soir, de simplifier la structure de son capital via la conversion des actions privilégiées et d'épargne en actions ordinaires, a été par ailleurs perçue par les analystes comme pouvant favoriser une fusion avec Chrysler.

Ce que M. Marchionne a confirmé. «Nous devons être sûrs que tous les instruments soient en place relativement rapidement pour que cela arrive», a-t-il répondu à un analyste qui l'interrogeait à ce sujet.

Depuis sa sortie du dépôt de bilan, Chrysler s'est redressé et a revu entièrement sa gamme de véhicules, devenant le relais de croissance du groupe alors que Fiat est confronté à un marché européen difficile.

Au troisième trimestre, Fiat a enregistré un bond de 53,4% de son bénéfice net à 112 millions d'euros grâce à l'intégration de Chrysler dans ses comptes, Fiat seul ayant accusé une perte nette de 210 millions.