Le constructeur d'automobiles japonais Toyota a indiqué vendredi avoir examiné attentivement des cas problématiques de véhicules déjà réparés pour des défauts d'accélérateur aux États-Unis, affirmant ne pas avoir trouvé de preuve de problèmes résiduels signalés.

L'agence de sécurité routière américaine, la NHTSA, a communiqué à Toyota les informations relatives à ces cas de véhicules rappelés et réparés mais encore défectueux aux dires de leurs propriétaires. Le constructeur assure qu'il a immédiatement mis en oeuvre un processus de vérification et d'enquête directe auprès des automobilistes concernés, dès la réception des données transmises par la NHTSA.

 

«Les résultats de nos investigations ont été envoyés à la NHTSA», a précisé Toyota dans un communiqué. Le constrcuteur japonais n'a pas divulgué les conclusions de son enquête, «la NHTSA étant en train de les étudier», mais il a assuré que, même si «la plupart des cas doivent encore être évalués», ceux étudiés «n'ont montré aucune preuve d'un vice» dans le système de contrôle de l'accélération, dans les remèdes mis en oeuvre lors des rappels ou dans la nouvelle fonctionnalité de freinage d'urgence installée. Toyota souligne en outre que nombre des données communiquées par la NHTSA sont invérifiables car incomplètes. Il ajoute aussi que les plaintes nouvelles concernent une menue fraction du plus d'un million de véhicules rappelés déjà réparés aux États-Unis.

 

Plus de 60 consommateurs se sont plaints aux autorités fédérales américaines de problèmes récurrents sur leur voiture Toyota après que celle-ci eut été réparée par un concessionnaire du groupe japonais, selon un décompte actualisé fourni jeudi par la NHTSA.

 

Les conducteurs se plaignent «d'accélérations soudaines non voulues», selon la NHTSA, qui a indiqué que s'il apparaissait que la solution retenue par Toyota ne répondait pas aux problèmes, elle avait «le pouvoir d'ordonner à Toyota d'en fournir une autre». Cité dans un communiqué, le chef de la NHTSA, dit que son administration est «déterminée à aller au fond» de la question.

 

Toyoda harangue ses troupes

 

Le PDG de Toyota a par ailleurs appelé vendredi des milliers d'employés du groupe automobile à prendre «un nouveau départ» après la crise sans précédent de ces dernières semaines. Après une série de pannes qui a débouché sur le rappel de quelque neuf millions de véhicules dans le monde, Akio Toyoda a exhorté son personnel à se ressaisir, lors d'un discours devant 2000 salariés, concessionnaires et sous-traitants réunis au siège de l'entreprise à Toyota City.

 

«Le problème actuel de qualité doit être résolu et nous avons du pain sur la planche. Nous devons faire du 24 février, le jour où j'ai été auditionné, un nouveau départ pour Toyota», a-t-il lancé lors de cette rencontre retransmise en direct dans tous les sites Toyota du Japon.

 

M. Toyoda a témoigné le 24 février devant la Commission de supervision et de réforme du gouvernement de la Chambre des représentants américains, où il a dû s'expliquer sur des problèmes d'accélérateur et de freins, dont certains auraient causé des accidents mortels.

 

«Nous devons oublier nos succès passés et nous réinventer avec détermination. En tant que responsable, je promets de travailler dur pour nous permettre de nous améliorer afin de regagner la confiance du public», a martelé le PDG.

Vêtu d'une veste de travail grise comme ses ouvriers, il a reconnu que le premier constructeur automobile mondial avait grandi trop vite ces dernières années, au point de négliger parfois la qualité. «Ce n'était pas du tout ce que nous avions l'intention de faire. Permettez-moi de vous présenter mes excuses», a-t-il souligné.

 

M. Toyoda a également décrit son voyage aux États-Unis, organisé dans une atmosphère hostile au constructeur japonais. «Je me suis d'abord senti seul, Toyota était tout le temps critiqué à la télé, dans les journaux, j'étais harcelé par les médias», a-t-il raconté. Mais M. Toyoda, petit-fils du fondateur du groupe et critiqué ces dernières semaines pour son attitude timorée face à la tempête, a ajouté s'être senti encouragé par le soutien des employés et concessionnaires du groupe aux États-Unis.

 

«Je pensais me battre pour ces gens, mais je me suis rendu compte que c'étaient eux qui me protégeaient. Cela m'a beaucoup touché, j'ai pris conscience de ma chance d'être chez Toyota», a-t-il ajouté en étouffant un sanglot.

Le constructeur a promis que la sécurité serait sa priorité numéro un, après une série de défauts d'accélérateurs et de freins sur plusieurs modèles. Un problème de pédale d'accélération pouvant rester bloquée serait notamment à l'origine de 52 décès aux États-Unis, selon des plaintes reçues par l'agence de sécurité routière américaine.

 

Les ventes de Toyota ont baissé de 8,7% sur un an en février aux États-Unis, résistant un peu mieux que prévu à l'impact de ses rappels à répétition. Les intentions d'achat ont même bondi début mars grâce au lancement de promotions.

Photo AP

Le président de Toyota, Akio Toyoda, à la suite de son discours devant 2000 employés et concessionnaires au siège social du constructeur, à Toyota City.