Des parlementaires américains ont durement critiqué Toyota et l'agence de sécurité routière américaine lundi, à la veille d'une première audition du Congrès sur le constructeur japonais pour ses rappels record de véhicules aux États-Unis.

Le président de la Commission parlementaire à l'Énergie et au Commerce, Henry Waxman, accuse notamment dans une lettre ouverte le constructeur nippon d'avoir systématiquement exclu que des problèmes électroniques puissent avoir causé les problèmes d'accélération soudaine à l'origine de la majorité de ces rappels.

 

Toyota a rappelé près de neuf millions de véhicules dans le monde dont six millions aux États-Unis, principalement pour des problèmes de tapis de sol ou de pédales se coinçant et causant des accélérations involontaires, mais aussi pour des dysfonctionnement des freins sur certaines voitures hybrides.

 

M. Waxman accuse Toyota de s'être basé sur des rapports d'ingénierie erronés pour affirmer que ses systèmes électroniques n'étaient pas en cause, d'avoir fait des déclarations publiques «trompeuses» et de manquer de cohérence dans ses explications. Il soupçonne enfin de complaisance le cabinet Exponent, auteur d'un rapport non encore divulgué commandé par Toyota sur ces systèmes électroniques.

 

La commission de l'Énergie et du Commerce de la Chambre des représentants réalisera une première audition sur Toyota mardi, interrogeant le directeur de l'exploitation de Toyota-USA, Jim Lentz. Ce sera mercredi au tour de la Commission de surveillance de l'action gouvernementale de mener une seconde audition en présence du PDG de Toyota Akio Toyoda.

 

Des employés de concessionnaires et des usines du constructeur venus de tout le pays sont par ailleurs attendus mardi à Washington pour manifester leur soutien à Toyota.

 

Le constructeur automobile japonais a tenu une conférence de presse téléphonique lundi pour défendre la fiabilité de ses systèmes électroniques, parlant de «spéculations» sur le fait qu'ils font «mystérieusement accélérer le véhicule», et affirmant n'avoir jamais mis en lumière aucun éléments soutenant cette thèse. «Nous continuons à enquêter sur toute plainte d'accélération soudaine», a-t-il toutefois assuré, ajoutant que son groupe n'excluait «aucune possibilité».

 

Lacunes sérieuses à la NHTSA

 

Les parlementaires devraient aussi accuser Toyota d'avoir cherché à protéger ses bénéfices plus que ses clients face aux révélations des problèmes d'accélération involontaire. Ils devraient s'appuyer sur une présentation interne datée de juillet où le patron de Toyota aux États-Unis, Yoshi Inaba, se félicite que le lobbying du groupe auprès des autorités et des législateurs américains ait notamment permis d'«éviter une enquête sur un problème de rouille sur les camions Tacoma».

 

Les démarches du groupe à Washington ont aussi permis de «négocier un rappel d'équipements sur les Camry/ES, économisant 100 millions de dollars», ou encore d'avoir retardé un nouveau programme de tests de collision par la NHTSA.

 

Celle-ci ne devrait pas être épargnée par les parlementaires mardi et mercredi. Dans sa lettre, M. Waxman estime qu'elle «manque de l'expertise nécessaire pour évaluer les défauts dans les contrôles électroniques des véhicules», et que sa réaction liée aux accélérations involontaires dans des véhicules Toyota a présenté «des lacunes sérieuses».

 

Le cabinet spécialisé dans l'automobile Edmunds.com déplore de son côté des «incohérences inexplicables» dans le processus de rappels de la NHTSA, affirmant qu'ils sont déclenchés à partir de cinq plaintes de consommateurs dans certains cas mais seulement à partir de 1500 dans d'autres.

 

La NHTSA s'est défendue lundi en faisant valoir qu'elle déclenchait en priorité des enquêtes dans les cas de plaintes impliquant des accidents avec blessures.