Mesurez la vitesse des voitures qui circulent dans une rue ou sur une route. Placez les chiffres sur un graphique et déterminez la vitesse du 85e percentile (85% des automobilistes vont moins vite et 15% vont plus vite). Vous aurez alors la limite de vitesse «rationnelle».

Depuis quelques années, l'agence américaine responsable de la sécurité routière, la NHTSA, fait l'essai des limites de vitesse rationnelles. La limite ne correspond pas toujours au 85e percentile: elle varie selon les caractéristiques de la route. Ainsi, elle peut être abaissée au 50e percentile, par exemple, près d'un parc ou s'il y a une circulation piétonnière très importante. Ces résultats sont frappants.

 

«Nous faisons ces tests pour aider les États à fixer les meilleures limites de vitesse pour réduire les accidents, explique Doug Hecox, porte-parole de cette agence au département américain des Transports. L'idée derrière les limites de vitesse rationnelles est qu'elles soient acceptables par la vaste majorité des conducteurs.»

 

Un test sur une route où la vitesse variait entre 35 et 50 milles à l'heure (56 et 80 km/h), au Mississippi, a permis à la NHTSA de démontrer que le nombre d'accidents diminuait si on y augmentait la vitesse à certains endroits. La limite sur cette route variait alors de 35 à 60 m/h. Dans les sections où la vitesse avait augmenté de 35 à 50 m/h, la proportion d'automobilistes faisant des excès de vitesse de plus de 10 m/h (16 km/h) avait chuté de 38% à 7%. En d'autres mots, rehausser la limite n'avait pas poussé les automobilistes pressés à accélérer encore davantage.

 

La théorie, confirmée par le test, est que les automobilistes qui respectent scrupuleusement la limite de vitesse roulent maintenant à une vitesse semblable à la moyenne, ce qui diminue les écarts de vitesse entre les voitures, et donc le risque d'accident.

 

Pourquoi les limites sont-elles trop basses? «La technologie des voitures a beaucoup progressé avec les années, explique M. Hecox. Ce qui était approprié voilà 20 ans ne l'est plus nécessairement. Quand le Montana n'avait pas de limite, au milieu des années 90, les gens allaient à 75 ou 80 m/h. Dans 20 ans, sur la même route sans limite, ils iront peut-être à 85 ou 90 m/h.»

 

La SAAQ, elle, n'est pas favorable à un rehaussement des limites de vitesse. Dans un rapport publié en 2004, elle soutient que sur les autoroutes américaines où la vitesse limite est de 70 ou 75 m/h, le nombre d'accidents mortels augmente de près de 20% par rapport aux autoroutes où la limite est de 65 m/h.

 

SONDAGE ÉCLAIR

Les limites de vitesse devraient-elles être fixées en tenant compte de la vitesse "naturelle" des automobilistes?