Sur l'autoroute, la vitesse de croisière de Sylvain (nom fictif) dépasse régulièrement les 130 km/h. Or, comme il veut éviter de se faire arrêter, il s'est acheté un détecteur de radar. Ce joujou électronique, qui a connu son heure de gloire dans les années 70 et 80, est-il toujours aussi présent dans les voitures des Québécois? Est-il encore pertinent?

Sylvain pense que oui. Depuis trois ans, il possède un détecteur de type Valentine One, acheté 300$ sur l'internet. Tapez «détecteur de radar» sur Google et vous verrez qu'une quantité de produits est offerte par des Américains et des Européens. La vente, l'achat et la possession de ces appareils sont illégaux partout au Canada, sauf en Alberta et en Saskatchewan. C'est également le cas dans certains États américains.

Sylvain a commandé trois détecteurs, pour lui et ses copains. «Ce sont mes parents (qui passent l'hiver en Floride) qui me les ont ramenés sans le savoir. Quand je leur ai dit ce que c'était, ils m'ont fait la tête», explique le jeune homme.

Il utilise son détecteur dès qu'il dépasse le seuil des 120 km/h. Il dit ne s'être fait prendre qu'une seule fois en trois ans. «Le policier était sur le viaduc et quand mon détecteur s'est mis à sonner, il était trop tard», dit-il.

Sylvain a l'intention d'utiliser son détecteur aussi longtemps qu'on ne le lui confisquera pas. Pour ceux et celles qui seraient tentés de l'imiter, voici en vrac quelques mythes et réalités autour du détecteur de radar.

> Les détecteurs de radar sont-ils encore efficaces?

Selon Sylvain, cela ne fait aucun doute. Les forces policières n'en sont pas aussi persuadées. «Autrefois, c'était efficace, car les policiers laissaient leur cinémomètre (radar) ouvert en permanence, ce qui permettait aux automobilistes de capter les ondes à distance. Aujourd'hui, le protocole est différent: le policier n'ouvre son cinémomètre que lorsqu'il le braque en direction des véhicules. Et les policiers disposent de plus en plus de cinémomètres au laser (avec un viseur), dont la fréquence d'ondes est 100 fois plus étroite que celle d'un cinémomètre régulier», explique Jean de Montigny, de l'École nationale de police du Québec.

> Existe-t-il des dépisteurs de détecteurs?

Absolument! La technologie existerait depuis 20 ans. Mais vu le coût élevé d'un tel appareil (entre 1000$ et 1500$), ce ne sont pas toutes les autos de police qui en sont équipées. À la manière du détecteur de radar, ce qu'il est convenu d'appeler un dépisteur de détecteur de radar émet un bip lorsqu'il croise un conducteur en possession de l'objet prohibé.

> Peut-on cacher un détecteur de radar sur soi si on se fait pincer?

Selon une légende urbaine, un policier n'a pas le droit de fouiller un automobiliste qu'il soupçonne de cacher un détecteur sur lui. Or, c'est faux, indique Jean de Montigny. «Selon l'article 129 du Code criminel, un citoyen ne peut entraver le travail d'un policier», dit-il.

> Y a-t-il encore beaucoup de détecteurs de radar sur les routes du Québec?

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) dit avoir saisi près de 10 appareils l'an dernier. Pour l'ensemble du territoire québécois, le nombre de détecteurs saisis dépasse les 300, selon la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ). Tous les corps policiers de la province envoient les détecteurs de radar saisis à la SAAQ pour qu'ils soient détruits.

> Qu'en est-il des nouveaux radars photo?

Il semblerait que les détecteurs de radar soient efficaces contre les nouveaux radars photo, car ceux-ci émettent des ondes en permanence, ce qui permettrait de les détecter de loin.

> À quoi s'expose-t-on si on est pris avec un détecteur?

À une amende de 500$ plus les frais, donc d'environ 650$. Évidemment, votre détecteur de radar (dont la valeur oscille entre 300$ et 500$) sera confisqué illico. À cela s'ajoute votre constat d'infraction si vous vous êtes fait prendre pour excès de vitesse. Bref, vous en aurez pour environ 1200$ à 1500$.