Le PDG de Renault, Carlos Ghosn, devra répondre aux interrogations des actionnaires vendredi à l'occasion d'une assemblée générale qui s'annonce houleuse après le fiasco de l'affaire de faux espionnage qui ébranle le constructeur automobile depuis le début de l'année.

Les petits porteurs, qui détiennent près de 63% du capital, sont attendus nombreux vendredi après-midi au Palais des Congrès, Porte Maillot à Paris.

L'assemblée générale doit commencer à 15h00 (heure de Paris) pour se terminer à 17H45.

Le conseil d'administration se réunira juste avant l'assemblée générale, a-t-on appris de source syndicale.

«Il risque d'y avoir quelques réactions d'actionnaires», prévient cette même source.

Le cabinet de conseil aux actionnaires Proxinvest a appelé à voter contre quatre résolutions soumises au vote.

Il conseille notamment de s'opposer au renouvellement du mandat de Philippe Lagayette, administrateur de référence et président du comité d'audit. C'est lui qui avait demandé le rapport d'audit à la suite du licenciement de trois cadres accusés, à tort, d'espionnage industriel.

Renault de son côté semble vouloir calmer les esprits. Jeudi soir, le constructeur a annoncé que Matthieu Tenenbaum, l'un des trois cadres licenciés, réintégrera l'entreprise début mai.

Les deux autres cadres, Michel Balthazard et Bertrand Rochette, ont choisi de ne pas retravailler pour le constructeur.

Autre hasard de calendrier, Dominique Gevrey, responsable de la sécurité de Renault, est convoqué ce vendredi pour un entretien préalable en vue de son licenciement, a déclaré à l'AFP un porte-parole de Renault, confirmant une information du site lesechos.fr.

Dominique Gevrey, soupçonné d'escroquerie au renseignement dans cette affaire, a toujours assuré avoir agi de bonne foi en étant en contact avec une mystérieuse source à l'origine des accusations d'espionnage contre les trois cadres.

Et si Renault dit vouloir «tourner de la page et aller de l'avant», pour les actionnaires, c'est l'heure de la grande explication.

Carlos Ghosn, qui prendra la parole au début de l'assemblée générale, pourrait être chahuté lors de la séance de questions/réponses.

Des voix s'élèvent contre le pouvoir de ce PDG emblématique, indéboulonnable dans la tempête. Dans cette affaire, c'est son bras droit, Patrick Pélata, qui a rendu son tablier le 11 avril.

«On ne peut pas imaginer qu'une personne soit irremplaçable», glisse Colette Neuville, présidente de l'Association de défense des actionnaires minoritaires (Adam).

«On pourrait mettre en place des procédures et des hommes qui aient davantage la confiance», suggère-t-elle.

À cet égard, le nom du successeur de M. Pélata est très attendu. Il ne devrait toutefois pas être dévoilé cet après-midi, selon des sources concordantes.

«Carlos Ghosn ne veut pas se précipiter» et «choisir un nouveau directeur général délégué qui ait l'assentiment de tous», explique une autre source syndicale.

L'État, actionnaire à hauteur de 15,01%, aura incontestablement son mot à dire.

À la Bourse de Paris, l'action Renault était en léger repli vendredi en fin de matinée. Depuis le début de l'année, le cours a perdu plus de 6%. L'action de son concurrent Peugeot a elle progressé de plus de 6% depuis janvier.

Lors de l'assemblée générale, les actionnaires se verront proposer le versement d'un dividende de 0,30 euro par action, le premier depuis deux ans.