Le constructeur automobile américain Ford, d'ordinaire enfant chéri du marché parmi les «trois grands» de Detroit, voyait son action dégringoler vendredi à la Bourse de New York après avoir annoncé un bénéfice en forte chute au quatrième trimestre.

Le titre de Ford plongeait de près de 12% à 16,62 dollars vendredi vers 16H30 GMT.

«Nous reconnaissons que nous avons déçu les attentes» au quatrième trimestre, a admis Lewis Booth, directeur financier, pendant une conférence téléphonique.

Le directeur général Alan Mulally a ajouté que l'histoire de Ford était «une formidable histoire, que nous allons essayer de mieux raconter».

En 2010, le bénéfice net s'est élevé à 6,6 milliards de dollars, son niveau «le plus élevé depuis dix ans», contre 2,7 milliards un an plus tôt. Par action, le bénéfice net ressort à 1,66 dollar et le bénéfice opérationnel, qui exclut les éléments exceptionnels, à 1,91 dollar, sous les 2,08 dollars attendus.

Le chiffre d'affaires annuel a progressé de 4% sur un an à 120,9 milliards de dollars, mieux qu'attendu.

Sur le quatrième trimestre, le bénéfice a chuté à 190 millions de dollars, divisé par plus de quatre en un an, principalement à cause d'une charge exceptionnelle annoncée fin novembre de près d'un milliard de dollars liée à la finalisation d'une offre de conversion de dette.

Le bénéfice net s'élève à 5 cents par action, et le bénéfice opérationnel à 30 cents par action, très en dessous des 48 cents attendus.

«La chute du bénéfice a été principalement due à des résultats plus faibles que prévus en Amérique du Nord et chez Ford Credit», la filiale financière du constructeur, ont commenté les analystes de Bank of America dans une note.

En Amérique du Nord, «la hausse des volumes de ventes, des prix et de la part de marché (de Ford) a été éclipsée par des coûts de lancement, de matières premières et de rappels plus élevés», ajoute Bank of America.

«2011 sera encore meilleur que 2010», a promis M. Mulally, sans réussir à convaincre les investisseurs, qui craignaient une récurrence des coûts enregistrés ces derniers mois, d'autant plus que les prix des matières premières ne cessent de progresser.

Les dirigeants de Ford ne les ont d'ailleurs pas vraiment rassurés pendant la conférence téléphonique: «nous prévoyons des pressions à la hausse sur les prix des matières premières» en 2011, a souligné M. Booth, précisant que les économies de coûts ne compenseraient pas cette hausse.

Les investisseurs ont également été refroidis par une perte opérationnelle surprise d'un demi-milliard de dollars en Europe, où la part de marché a elle aussi reculé. Le groupe s'est justifié en soulignant s'être retiré des «segments les moins rentables du marché» et ne pas avoir suivi ses concurrents qui ont procédé à d'importantes ristournes, afin de «maintenir ses marges».

«Il faut se souvenir que l'action cotait à 1 dollar en janvier 2009», remarque Gregori Volokhine, directeur de Meeschaert New York. «Tous les investisseurs qui ont acheté jusqu'à aujourd'hui ont gagné beaucoup d'argent, et il y a des prises de bénéfices».

«On se rend compte qu'il y a des vents contraires pour les constructeurs à cause des matières premières, l'acier coûte de plus en plus cher» mais «ça ne remet pas en cause la solidité des résultats ni le fait que l'entreprise soit très bien gérée», a-t-il ajouté.

Le numéro deux américain de l'automobile a par ailleurs réduit sa dette de 7 milliards de dollars au quatrième trimestre. Il a rempli son objectif en terminant l'année avec 20,5 milliards de dollars de liquidités, un montant supérieur à sa dette de 19,1 milliards de dollars.