Les ennuis de Renault, qui se dit victime d'espionnage industriel, font peu de vagues au salon automobile de Détroit où la plupart des constructeurs se disent à l'abri de ce genre de mésaventures.

Si la plupart ont entendu parler de l'affaire qui frappe le deuxième constructeur français et fait des remous jusqu'en Chine --pays montré du doigt dans cette affaire-- les dirigeants présents à Détroit sont peu diserts sur le sujet.

Premier à s'exprimer sur la question et premier concerné car il collabore depuis 1999 avec le français, le constructeur japonais Nissan s'est voulu rassurant.

«Notre partenaire se concentre sur le fait de comprendre ce qui n'a pas fonctionné. Chez Nissan nous avons confiance dans le fait que notre partenaire Renault va faire ce qu'il faut pour résoudre» le problème, a assuré le patron pour l'Amérique de Nissan, Carlos Tavares, interrogé par l'AFP.

Il a refusé d'en dire plus, se réfugiant derrière l'«enquête qui suit son cours» chez Renault.

Même prudence chez l'allemand Daimler, qui a conclu l'an dernier une alliance avec Renault-Nissan pour développer de petites voitures.

Son patron Dieter Zetsche assure ne pas savoir davantage sur cette affaire que ce qu'il a pu apprendre par la presse. «Si nous étions concernés, j'imagine que Carlos Ghosn (le PDG de Renault et de Nissan ndlr) m'en aurait parlé», a-t-il expliqué à l'AFP, un peu surpris par la question.

M. Zetsche s'est même redit prêt à élargir sa collaboration avec l'alliance franco-japonaise aux véhicules électriques, qui sont au coeur même des soupçons d'espionnage contre trois cadres de Renault.

Quant aux programmes de Nissan sur la voiture électrique, ils ne sont pas concernés, a assuré M. Tavares. «Chez Nissan, nous avons notre propre politique pour nous assurer que nous protégeons tous les actifs que nous sommes sensés protéger. Bien sûr, nous sommes prudents et prenons en considération tout ce que nous apprenons et pourrions apprendre de Renault», a-t-il expliqué à l'AFP.

D'autres grands noms du secteur automobile balaient d'un revers de la main le risque que représente l'espionnage industriel pour leur groupe. «Nous avons des règles du jeu très claires» chez Volkswagen, a assuré le patron du groupe allemand Martin Winterkorn.

Le premier constructeur allemand a lui-même été mouillé dans une affaire d'espionnage dans les années 1990, alors qu'il était dirigé par Ferdinand Piëch, actuel président du conseil de surveillance.

En 1993, un ancien dirigeant de General Motors, Jose Ignacio Lopez de Arriortua, avait été accusé d'être passé chez VW avec des documents secrets, un dossier clos quatre ans plus tard par un accord à l'amiable entre GM et VW.

Porsche s'est lui aussi montré peu concerné. Les salariés du constructeur allemand de voitures de sport ont une clause dans leur contrat spécifiant qu'il «ne faut pas transmettre d'informations à la concurrence», a expliqué son patron Matthias Müller.

«C'est un problème de culture d'entreprise», a-t-il estimé. Les entreprises doivent faire en sorte que «les salariés restent chez elles et ne passent pas chez les autres».

Le géant américain General Motors faisait preuve de plus de compréhension. L'espionnage industriel «m'inquiète tous les jours», a reconnu en marge du salon son patron Dan Akerson, selon des propos rapportés par la presse.

M. Akerson s'est dit convaincu que la propriété intellectuelle de GM a déjà été volée. «Je n'ai pas d'exemple précis mais je suis sûr que c'est le cas».

D'où l'importance de bien se protéger «via des accords ou via des mécanismes informatiques», a expliqué Mark Reuss, directeur de General Motors pour l'Amérique du Nord