L'industrie automobile américaine, à genoux il y a deux ans, a retrouvé sa compétitivité face à ses concurrents japonais et européens, même si des millions d'emplois ont été perdus et ne seront probablement jamais retrouvés.

«Nous attendons en 2011 une année excellente», a affirmé le patron de Daimler, Dieter Zetsche, lors d'une présentation dimanche des derniers modèles de la classe C de Mercedes. «À moins d'un changement de tectonique de l'économie mondiale, nous pouvons compter sur des vents favorables», a-t-il insisté.

«Alors que nous entrons dans l'année 2011, les fondamentaux pour le secteur au niveau mondial sont solides», a renchéri Carlos Tavares, patron de Nissan Amériques lors d'une conférence d'analystes à Detroit.

Mercedes a d'ailleurs montré que la rigueur n'était plus de mise en accueillant la presse: cocktails à volonté, canapés au foie gras, concerts jazz, classique et rock, stations iPad. Des dizaines de mannequins-hôtesses accueillent les visiteurs.

Le constructeur allemand avait été pourtant durement touché par la crise en 2009, comme les autres constructeurs.

Croûlant sous des coûts trop élevés et des ventes en chute, les américains General Motors et Chrysler ont même fait faillite et Ford l'a évité en s'endettant lourdement.

Dès l'an dernier, General Motors et Ford ont dégagé des bénéfices, GM s'offrant même une introduction boursière record.

«"GM est de retour" semble être la devise du salon de Detroit, bien que sa part de marché soit au plus bas depuis la 2e guerre mondiale», tempère l'expert allemand Ferdinand Dudenhöffer.

Le troisième constructeur américain, Chrysler, compte lui repasser dans le vert et revenir en Bourse cette année. Fort de sa ligne de produits remaniée, il va de nouveau tenir une conférence de presse sur le salon cette année, après avoir fait l'impasse l'an dernier.

GM et Ford vont eux aussi afficher de nouveaux modèles et mettre en vitrine leurs véhicules électriques, avec notamment la Volt ou une Focus, respectivement.

«Ces entreprises peuvent maintenant être rentables même à des niveaux de ventes déprimés», fait valoir Dave Cole, du Center for Automotive Research.

Les ventes de voiture aux États-Unis sont tombées à 10,4 millions de véhicules en 2009, au plus bas depuis 1983, et sont remontées à 11,6 millions en 2010. Les constructeurs prévoient 12,5-13,5 millions cette année.

C'est encore très loin des 15 à 17 millions de ventes annuelles enregistrées jusqu'à la crise.

Ces deux dernières années, les constructeurs ont dû sabrer dans leurs coûts, fermant des usines et sacrifiant de très nombreux postes, les employés restant ayant dû faire de gros sacrifices en termes de salaires et d'avantages.

Beaucoup de sous-traitants et concessionnaires ont dû mettre la clé sous la porte. Ceux qui ont survécu «vont bénéficier des plus fortes ventes que nous ayons vues depuis longtemps au cours des années à venir», remarque Efraim Levy, analyste chez Standard and Poor's.

Aujourd'hui, l'industrie automobile américaine emploie «1 million de personnes. Cela tournait plus près de 10 millions il y a cinq ans», note M. Cole.

Si les constructeurs commencent à réembaucher, la majeure partie des emplois perdus ne reviendront pas, notamment grâce aux gains de productivité.

M. Cole souligne que, outre les baisses de coûts, «la remontée du yen et de l'euro face au dollar» a aidé l'industrie automobile américaine à redevenir compétitive face aux concurrents japonais et européen.

Les «3 Grands» de Detroit sont devenus les «7 Importants», constate cependant M. Dudenhöffer, alors que les ventes des constructeurs asiatiques dépassent maintenant celles des américains aux États-Unis.