Le retour imminent en Bourse du constructeur automobile General Motors, après deux ans d'une sévère restructuration, pourrait aussi se faire à Toronto en plus de New York.

C'est du moins ce qu'attend le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, dont le gouvernement et celui de l'Ontario avaient injecté 10,5 milliards en prêts de sauvetage dans GM il y a deux ans.

Le géant de l'automobile était alors menacé de faillite, ce qui aurait décimé les activités de GM au Canada, en Ontario surtout, qui génèrent plusieurs milliers d'emplois. Depuis, environ 9 milliards de ces fonds publics ont été convertis en une part de 12% du nouveau capital de GM. Le reste des fonds prêtés a été remboursé.

Mais hier, alors qu'on attend encore de GM le dépôt de son prospectus d'émission d'actions auprès des autorités boursières, le ministre Flaherty a indiqué qu'une inscription à Toronto serait une «attente raisonnable au nom de tous les Canadiens parce que nous sommes des actionnaires importants de cette entreprise».

Souhait réaliste ou pression politique sur GM?

Chose certaine, la décision d'inscrire ou non les futures actions du constructeur à la Bourse de Toronto demeure réservée au conseil d'administration de GM à Detroit, avec ses conseillers financiers.

«C'est leur décision, pas la nôtre. Mais en fin de compte, il me semblerait approprié que GM s'inscrive aussi à la Bourse de Toronto», a souligné le ministre Flaherty lors d'un point de presse hier à Whitby, en Ontario.

Cela dit, selon le ministre Flaherty, le gouvernement fédéral n'a pas encore décidé de la revente de sa participation au capital de GM dans le cadre de sa prochaine émission d'actions.

Par ailleurs, si elle survient, l'inscription de ces nouvelles actions de GM à la Bourse de Toronto pourrait y chambarder la liste des plus importantes capitalisations.

Surtout dans le secteur industriel, où sont déjà les Bombardier, CAE et Magna, par exemple. Ce secteur demeure sous-représenté dans les principaux indices torontois par rapport aux secteurs des services financiers et des matières premières.

Selon des gestionnaires de placements, toutefois, une inscription de GM à Toronto et même son inclusion éventuelle dans certains indices de marché seraient loin d'assurer son attrait comme investissement.

«Je ne serai sûrement pas parmi les premiers acheteurs de ces nouvelles actions de GM. Mieux vaut attendre quelques trimestres pour jauger sa performance d'affaires, d'autant plus que la conjoncture économique incertaine pourrait encore nuire considérablement au marché automobile», a dit Luc Fournier, qui supervise 700 millions en fonds d'investissement canadiens à l'Industrielle Alliance.

Pour le moment, l'ampleur de l'émission d'actions que prépare GM suscite maintes spéculations. Les plus récentes font état d'une émission de 16 milliards US, dont les détails, en particulier le nombre et le prix des actions, devraient être divulgués au début de la semaine prochaine.

On attendait cette divulgation dans les derniers jours, mais la démission hâtive jeudi du président de GM, Ed Whitacre, a forcé un report de l'annonce officielle pour que GM apporte les modifications requises à ses documents réglementaires.

Si elle se confirme à 16 milliards, l'émission d'actions de GM serait la deuxième en importance de l'histoire aux États-Unis dans la catégorie des nouvelles inscriptions.

Le premier rang de ce type d'émissions initiales revient à la société de cartes de crédit Visa, qui avait vendu pour 19,7 milliards US d'actions lors de son entrée en Bourse en 2008.

- Avec Bloomberg et La Presse Canadienne