L'entreprise de Drummondville CVTech se rapproche lentement mais sûrement de l'immense marché de l'Inde, où les ventes de voitures battent actuellement des records et où les perspectives de croissance restent au beau fixe.

«On est plus proches qu'on n'a jamais été d'une entente (avec Tata, le fabricant de la Nano)», a indiqué hier Alain Charest, vice-président  de la division automobile chez CVTech.

Les discussions ont progressé cet été entre les deux parties, a indiqué le vice-président. «C'est plus sérieux que jamais».

Tata Motors songe à mettre sur le marché une nouvelle version de sa Nano, équipée d'une transmission automatique conçue et fabriquée par CVTech. Après plus de cinq années d'efforts, la PME québécoise touche au but.

Si c'est si long, ce n'est pas à cause d'une faiblesse du côté de la demande. Des statistiques publiées hier indiquent que les Indiens ont acheté en juillet 38% plus de voitures que l'année dernière. Les analystes prévoient que les ventes de véhicules continueront d'augmenter au rythme de 15% par année. D'ici 10 ans, le nombre d'autos devrait avoir triplé, passant de 2 millions à 6 millions de voitures vendues par année.

Les discussions avec Tata prennent du temps parce que c'est long, de faire des affaires en Inde, explique le dirigeant de CVTech. Et surtout, Tata a dû abandonner le site choisi pour son usine à cause des protestations des résidants expropriés, même si les travaux de construction étaient déjà commencés. Ce déménagement en catastrophe dans une autre partie du pays a causé un retard de plusieurs mois dans la livraison des véhicules les moins chers au monde, à 2500 $US l'unité.

La Nano coûterait plus cher avec une transmission automatique, mais il semble que la récession n'a pas entamé l'appétit des Indiens pour les biens de consommation et les voitures en particulier.

CVTech espère toujours s'entendre avec Tata d'ici la fin de l'année, a indiqué Alain Charest. Le contrat est estimé à 150 millions. Depuis qu'elle s'intéresse à Tata et à l'Inde, la PME québécoise  a noué des relations avec d'autres manufacturiers indiens qui s'avèrent aussi prometteuses et qui pourraient également débloquer avant la fin de l'année, a-t-il dit.

Bref, l'employé de CVTech qui est maintenant basé à Delhi a amplement de quoi occuper ses journées.

En Amérique du Nord, la division automobile de CVTech souffre toujours du ralentissement économique aux États-Unis. Ses produits destinés au marché des véhicules récréatifs sont fortement dépendants de la croissance économique et de l'emploi, qui tardent à redémarrer.

L'impact sur les ventes a été «sévère» en 2009 et l'entreprise n'a pas encore récupéré toutes ses pertes, selon son vice-président.

La division automobile de CVTech ne pèse pas lourd dans les activités de l'entreprise, qui se spécialise de plus en plus dans le secteur énergie avec ses filiales Thirau et Riggs Distler. La direction de l'entreprise a déjà évoqué la possibilité de privatiser ou de vendre sa filiale automobile. Cette réflexion se poursuit, a fait savoir hier M.Charest.