Après avoir restructuré Fiat et Chrysler, voici un nouveau mandat pour Sergio Marchionne: restructurer l'Europe et sauver l'euro.

Évidemment, gérer deux constructeurs automobiles sur deux continents ne lui laisse probablement pas beaucoup de temps pour sauver l'Union européenne, mais il est clair que M.Marchionne s'inquiète des conséquences de la crise financière européenne sur l'économie.

Le plan de soutien financier accordé par l'Union européenne à la Grèce a peut-être empêché une « catastrophe » pour l'industrie automobile, mais il faut que d'autres mesures soient prises pour régler les déficits nationaux qui plombent l'économie du Vieux Continent, affirme M. Marchionne, président de Fiat et de Chrysler.

M. Marchionne estime que la réaction de l'Europe à la crise de la dette est mal coordonnée depuis le début et que les signaux économiques sont « mitigés » et ne donnent « pas beaucoup de raisons d'être optimiste ».

Et M. Marchionne a donné son avis sur la situation avant que la Hongrie annonce qu'elle est dans le rouge.

La Grèce est tellement endettée qu'il a fallu un prêt d'urgence de 110 milliards d'euros (139 millions de dollars canadiens) et un douloureux plan de compression des dépenses publiques pour lui permettre de rééchelonner sa dette.

Les finances de l'Espagne et de l'Italie sont suspectes et on ne sait pas si le fonds d'urgence de 750 milliards d'euros financés par l'Union européenne et le Fonds monétaire international suffira à rééchelonner les dettes des pays déficitaires.

Si la crise se propage aux finances de toute l'Europe, il y aura des dizaines de millions d'Européens qui n'auront même pas les moyens de songer à acheter une voiture neuve pour les prochaines années.

« Si l'Europe n'avait pas lancé une bouée de sauvetage à la Grèce, les conséquences auraient pu être catastrophiques, a déclaré ce matin M. Marchionne, s'adressant à la Chambre de commerce de la région de Detroit. Malgré cela, certains pays se sont trainés les pieds et négocier le plan d'aide a été ralenti par l'incertitude et le nationalisme », a dit M. Marchionne aux gens d'affaires du Michigan réunis dans la municipalité de Mackinac Island.

M. Marchionne a aussi dénoncé les gouvernements d'Europe, qui refusent de restructurer l'industrie automobile et de sabrer dans sa capacité de production excédentaire, comme l'a fait l'administration Obama aux États-Unis, appuyée par le gouvernement canadien.

M. Marchionne a salué l'injection de 65 milliards de dollars en fonds fédéraux des deux pays, qui ont permis à General Motors et Chrysler de se restructurer. Selon lui, les gouvernements d'Europe devraient s'inspirer de cette intervention « qui a forcé une réorganisation structurelle majeure et facilité un coup de barre courageux ».

Le fond de secours de 750 milliards d'euros prévu par l'Union européenne est un pas dans la bonne direction, dit M.Marchionne, mais sans une approche plus exhaustive, ce n'est que remettre à plus tard les problèmes d'aujourd'hui.

M. Marchionne a par ailleurs réitéré que Chrysler fera ses frais dès 2010 et qu'elle aura remboursé ses prêts fédéraux américains et canadiens d'ici 2014. Le profit d'exploitation de 143 millions inscrit au premier trimestre de l'année prouve que ses objectifs sont réalistes, a-t-il affirmé.