Jean-Claude Gravel, propriétaire d'un concessionnaire GM à L'Île-des-Soeurs, a de bonnes raisons de sourire ces jours-ci. Après deux années de «fin du monde» marquées par la restructuration judiciaire de General Motors, ses ventes ont bondi de 30% le mois dernier.

«Ç'a été un bon mois: ça faisait au moins deux ans et demi que je n'avais pas fait un gros volume comme j'ai fait en mai!» a-t-il dit à La Presse Affaires hier.

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Il s'agit d'un revirement de situation majeur pour GM, qui s'était placée sous la protection de la Loi sur la faillite il y a un an jour pour jour hier. Le géant de Detroit a vu les ventes de ses quatre principales marques - Chevrolet, Buick, Cadillac et GMC - grimper de 15,4% le mois dernier dans l'ensemble du Canada.

À l'instar de GM, plusieurs constructeurs ont fait état hier d'une forte progression en mai au pays. Chrysler, qui sort aussi d'une restructuration, est arrivé en tête de peloton avec une hausse de 53%, suivi de Ford (+19,3%), Kia (+13,9%) et Hyundai (+12,6%).

À l'opposé, Honda et Toyota ont vu leurs ventes décliner le mois dernier, de 26% et 16,1% respectivement. Mais dans l'ensemble, l'industrie est sur le chemin de la rémission et s'attend à voir le nombre de transactions progresser de 5 à 6% cette année au Canada.

«Je crois qu'on a vraiment vécu le pire de la récession l'an dernier: on s'attend à vendre 1,55 million de véhicules cette année plutôt que 1,45 million l'an dernier», a affirmé Michael Hatch, économiste en chef de la Corporation des associations de détaillants d'automobiles du Canada, joint à Ottawa.

La reprise est mondiale. Les cinq plus grands fabricants automobiles ont enregistré des profits combinés de 5,5 milliards US au premier trimestre de 2010, un «revirement spectaculaire» par rapport aux pertes annuelles moyennes de 22 milliards US subies de 2007 à 2009, souligne la Banque Scotia dans une étude.

Le marché s'est particulièrement amélioré en Amérique du Nord. Le profit moyen par véhicule vendu s'est établi à plus de 1500$ US pendant les trois premiers mois de 2010, précise la Scotia, ce qui contraste avec les pertes enregistrées jusqu'en septembre dernier.

Une analyse confirmée par le concessionnaire Jean-Claude Gravel. «La rentabilité de l'entreprise cette année est vraiment intéressante, a-t-il fait valoir. On fait des profits.»

En plus de revoir sa gamme de véhicules, GM a procédé à un dégraissage majeur de sa structure de coûts pour revenir à la rentabilité. Le constructeur a notamment fermé 300 concessionnaires au Canada, un geste contesté devant les tribunaux ontariens par un groupe d'une vingtaine de franchisés.