Le constructeur automobile japonais Nissan a renoué avec les bénéfices en 2009-2010 après les lourdes pertes subies l'année précédente, une bouffée d'oxygène bienvenue pour le groupe à quelques mois de la sortie de la Leaf, la voiture électrique au coeur de sa stratégie.

Le groupe japonais détenu à 44% par le français Renault a dégagé un bénéfice net de 42,4 milliards de yens (463,7 millions de dollars CAN) et un énorme bénéfice d'exploitation de 311,6 milliards de yens.

Nissan avait bouclé sur de lourdes pertes l'année précédente, marquée par la récession mondiale, déplorant un déficit net de 233,7 milliards de yens et prévoyait en début d'exercice de terminer 2009-2010 à nouveau dans le rouge.

Entre-temps, le constructeur a vu ses ventes s'améliorer et mis en oeuvre un vaste plan d'austérité comprenant 20 000 suppressions d'emplois et des réductions d'investissements.

Il a écoulé au total 3515 millions de véhicules dans le monde, soit 3% de plus que l'année précédente. Ses ventes ont quelque peu baissé aux États-Unis et en Europe, mais ont bondi de 38,7% en Chine.

Le groupe a expliqué en outre avoir économisé 215 milliards de yens sur ses dépenses d'achat de matières premières et d'énergie.

Son chiffre d'affaires a en revanche baissé de 10,9% à 7517 milliards de yens, en partie à cause de la force de la devise japonaise, selon le constructeur.

«Nous sommes sur la bonne voie pour un rétablissement complet», s'est félicité le PDG du groupe, Carlos Ghosn, lors d'une conférence de presse.

Il a souligné que le groupe, qui a dû «être très vigilant sur ses dépenses», avait néanmoins «maintenu tous ses projets stratégiques».

Parmi les plus importants, la sortie de la Leaf, la première voiture entièrement électrique compacte produite en série par le groupe, prévue en décembre au Japon et d'ici mars 2011 en Amérique du Nord et en Europe.

«L'alliance Renault-Nissan sera la première à lancer à grande échelle et à prix abordable une voiture à zéro émission. Et les consommateurs sont prêts», a estimé le PDG, expliquant que le nombre de commandes dépassait déjà les capacités de production de la Leaf pour l'exercice 2010-2011.

La batterie lithium-ion équipant la voiture, d'une autonomie de 160 kilomètres, pourra être rechargée en huit heures sur une simple prise de courant ou en 30 minutes dans des stations prévues à cet effet.

Détaillant les plans de Nissan pour les marchés émergents, M. Ghosn a mis en exergue sa capacité de production croissante sur place.

«Si vous voulez être compétitif en Chine, vous devez produire en Chine», a-t-il dit, en précisant que Nissan produirait plus d'un million de voitures par an en Chine d'ici 2012, et qu'il «augmenterait cette capacité au vu des perspectives du marché».

«En Inde, notre usine de Chennai a débuté sa production avec une capacité de 200 000 unités qui devrait passer à 400 000 afin d'approvisionner non seulement le marché indien, mais aussi l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient», a-t-il énuméré.

Autre projet stratégique, le rapprochement conclu en début d'année avec l'allemand Daimler, avec échange symbolique de participations, «va entraîner des synergies d'une valeur nette de 2 milliards d'euros» pour Renault-Nissan, a assuré M. Ghosn, grâce au partage de plate-formes pour la conception de petites voitures.

Ces priorités en tête, Nissan prévoit un bénéfice net presque quadruplé pour l'année 2010-2011 débutée le 1er avril, à 150 milliards de yens (1,64 milliard CAN), un bénéfice opérationnel en hausse de 12% et un chiffre d'affaires en hausse de 9%.