Transports Canada s'est retrouvé dans l'embarras hier pour sa gestion des rappels de véhicules Toyota. La grogne des députés de l'opposition est vive à Ottawa, tout comme celle des consommateurs qui multiplient les recours collectifs contre le constructeur japonais. La facture pourrait se chiffrer en milliards.

Transports Canada a été vertement critiqué, hier, pour sa gestion des problèmes de sécurité touchant certains des véhicules de Toyota, après avoir admis que 17 plaintes liées à l'accélération avaient été déposées, mais sans qu'aucun geste n'ait été fait pour protéger les conducteurs.

 

Comparaissant devant le comité permanent des Communes sur les transports, l'infrastructure et les collectivités, des fonctionnaires de Transports Canada ont dû expliquer, à la demande de députés de l'opposition, pourquoi leur ministère ne s'était pas attaqué à ces problèmes plus rapidement.

L'un des députés a même accusé Transports Canada d'entretenir une trop confortable relation avec Toyota Canada, faisant valoir à titre d'exemple que le Ministère avait salué l'automne dernier la décision de l'entreprise de rappeler des véhicules.

Depuis ce rappel, le plus important constructeur automobile au monde a dû composer avec des craintes grandissantes au sujet de la sécurité de ses véhicules. Il a été forcé d'admettre ses torts et de procéder à d'autres rappels.

Hier, le sous-ministre adjoint associé de Transports Canada, Gerard MacDonald, a expliqué aux membres du comité parlementaire que son ministère n'avait eu aucune raison de soupçonner l'existence d'un quelconque problème avec la pédale d'accélérateur de certains véhicules de Toyota. Il a argué qu'une plainte concernant l'accélération ne signifiait pas nécessairement que les pédales se coinçaient.

M. MacDonald a ajouté que l'enquête ouverte au sujet des 17 plaintes n'avait pas permis à Transports Canada de conclure à l'existence d'un problème de blocage de pédale d'accélérateur. Transports Canada a affirmé n'avoir pris connaissance des plaintes au sujet d'accélérateurs qu'en janvier, soit lorsque Toyota a indiqué à l'organisme en avoir reçu cinq.

M. MacDonald a précisé que le Ministère enquête toujours sur ces problèmes de pédales d'accélérateur.

Mais plusieurs députés demeurent insatisfaits des réponses fournies hier, et espèrent en savoir davantage lorsque des représentants de Toyota comparaîtront la semaine prochaine. Le président ainsi que le directeur gestionnaire principal de Toyota Canada, Yoichi Tomihara et Stephen Beatty, doivent comparaître mardi devant le comité.

Comparution à Washington

Par ailleurs, il se peut que le gouvernement américain oblige les constructeurs d'autos à intégrer des systèmes de freinage qui auraient priorité sur la pédale d'accélérateur pour régler les cas ayant entraîné les rappels massifs de Toyota, ont indiqué hier des responsables de la sécurité automobile à des membres du Congrès.

Témoignant devant un comité de la Chambre, David Strickland, l'administrateur de la US National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA), a précisé que son organisme pourrait exiger la mise en place dans les voitures de systèmes de priorité de freinage comme mesure pour éviter le type d'incidents au cours desquels des conducteurs de Toyota ont vu leur véhicule accélérer de manière intempestive.

Le Congrès tient une audience pour examiner la surveillance de l'industrie de l'auto par la NHTSA dans le cadre de ses travaux sur le rappel de près de 9 millions de véhicules par Toyota dans le monde.

Des groupes préoccupés de sécurité ont accusé la NHTSA d'être trop accommodante à l'égard du constructeur japonais tout en manquant des ressources nécessaires pour vérifier la nature des problèmes, qui pourraient être électroniques plutôt que mécaniques.

«Pendant des années, la NHTSA est apparue aux yeux de l'industrie automobile comme un chien d'appartement plutôt que comme un chien de garde», a soutenu Joan Claybrook, ancienne administratrice de la NHTSA sous le président Jimmy Carter.

- Avec Associated Press