L'agonie de Saab n'en finit plus et on ne sait pas si les dernières tentatives pour racheter de GM sa filiale suédoise sont des tentatives sérieuses ou des coups de becs de vautours à la recherche d'un prix de faillite.

Quoi qu'il en soit, au moins deux investisseurs suédois et deux autres européens tournent encore autour de l'entreprise qui dessine toujours des voitures très particulières mais qui ne fait jamais d'argent, du moins pas depuis 10 ans.

Le vendeur, General Motors, a fixé à 23 h aujourd'hui (heure de Stockholm), l'échéance pour recevoir des offres de rachat.

Le fabricant de voitures exotiques Spyker, des Pays-Bas, montre qu'il est tenace et qu'il sait comment encaisser les taloches au visage : son patron, Victor Muller, a indiqué qu'il va faire une autre tentative malgré ses deux offres rejetées par GM depuis un mois.

Le quotidien économique français Les Échos cite M. Muller, selon qui il s'agirait de la même offre déjà présentée sans succès à GM le 20 décembre dernier, mais « entièrement affinée à la suite des discussions » de ces dernières semaines.

La nouvelle offre pourrait être financée par Mubadala Development, une compagnie d'Abou Dhabi qui est déjà actionnaire de Spyker. Mais plusieurs analystes de l'automobile sont très sceptiques sur les chances de Spyker, qui n'a jamais fait de profits.Genii Capital à la rescousse ?

Une publication syndicale suédoise, Dagens Arbete, a pour sa part indiqué que la firme d'investissement privée Genii Capital, basée au Luxembourg, aurait fait une offre formelle pour Saab et que ses représentants auraient rencontré le gouvernement de Suède.

Genii Capital fait des placements en Amérique du Nord, en Europe et en Asie, généralement dans la gestion des marques, l'innovation technologique, l'industrie automobile et le divertissement. Elle vient de devenir actionnaire minoritaire de l'écurie Renault F1 Team Ltée.

Le quotidien d'affaires Dagens Industri fait aussi état de deux offres de dernière minute par des groupes suédois. Ces deux offres seraient des rachats par la direction de Saab, appuyées chacune par un financement incertain. Selon Joran Hagglund, secrétaire d'État à l'Industrie de Suède, les deux offres suédoises devraient être déposées avant l'heure-limite de jeudi soir, mais que ni l'une ni l'autre ne démontre avoir le financement requis pour la transaction.

« Le problème est qu'aucune des offres suédoises n'a finalisé son financement », a-t-il dit au journal Dagens Industri. Il a ajouté que le constructeur suédois d'autos exotiques Koenigsegg (qui a retiré son offre d'achat sur Saab au début de décembre dernier, n'est pas parmi les groupes suédois qui tentent maintenant de sauver Saab.

Par contre, l'offre de Genii Capital s'appuierait sur le plan de redressement déjà proposé par Koenigsegg, mais abandonné par ce dernier quand le financement a posé problème.

L'objectif serait que Saab produise 105 000 véhicules par année et qu'elle fasse ses frais dès 2012. a dit son porte-parole à l'agence de presse Bloomberg.

Faire ses frais avec 105 000 ventes impliquerait une restructuration considérable et coûteuse : Saab a vendu 93 295 autos en 2008 et perdu 340 millions de dollars US.

 

GM pas optimiste du tout

Mercredi, le grand patron de GM, Ed Whitacre, a fait couler une douche froide sur les espoirs des quelques amoureux de la marque Saab, qui manifestaient devant le siège social de GM à Detroit, munis de pancartes sur lesquelles était écrit : « GM, vendez Saab, ne la fermez pas », « Sauvez Saab » et d'autres invocations du genre.

M. Whitacre a indiqué qu'il n'avait pas beaucoup d'espoir qu'une transaction se matérialise et que le processus ordonné de fermeture de Saab se poursuit. Le problème, a-t-il dit, est qu'aucun des acheteurs potentiels de Saab n'a réussi à trouver l'important capital nécessaire pour restructurer et relancer ce constructeur automobile chroniquement déficitaire.

À ceux qui pensent que GM espère secrètement fermer Saab plutôt que la vendre, M. Whitacre a répondu : « C'est facile, vraiment facile. Vous n'avez qu'à venir nous voir avec l'argent et vous partez avec. Mais personne ne s'est montré avec l'argent. »

Mais selon les analystes, GM n'a pas l'intention de vendre la compagnie et toute sa technologie à un acheteur dont le but réel serait de transférer les procédés de fabrication et la technologie dans un pays qui a des ambitions automobiles et où GM n'a pas envie d'aider la concurrence.

C'est probablement la raison qui a fait échouer les deux premières offres de Spyker sur Saab. L'actionnaire de contrôle de Spyker est un financier russe, Vladimir Antonov (il détient 30 % de la compagnie). GM sait que la Russie fait des pieds et des mains pour acquérir de la technologie, dans l'espoir de consolider un « champion national » russe à partir de plusieurs petites entreprises automobiles qui exploitent actuellement des technologies datant des années 70 et 80.

C'est aussi une des raisons qui avait fait échouer une transaction beaucoup plus importante, la vente de la filiale allemande Opel à un consortium formé du canadien Magna International et de la banque russe Sberbank. Après avoir d'abord accepté une offre de Magna, GM a décidé qu'elle ne pouvait protéger la propriété intellectuelle de ses produits et a décidé de garder Opel.

Saab fabrique des voitures à Trollhattan, dans le sud-ouest de la Suède depuis 1949. Elle emploie environ 3400 personnes. GM l'a achetée en deux bouchées de 50 % : la première en 1989 pour 700 millions de dollars US, la seconde en 2000 pour 125 millions de dollars plus la dette.

La filiale a perdu de l'argent presque à chaque année depuis 20 ans et a inscrit une perte de 340 millions US en 2008.

Le porte-parole de GM-Europe, Stefan Weinmann, a indiqué au quotidien Dagens Industri que la compagnie ne commentera pas pour l'instant le nombre et la nature des offres déposées en fin de journée : « N'attendez pas de nouvelles de GM à ce sujet aujourd'hui », a-t-til dit, notant que toute nouvelle offre devrait être étudiée en profondeur.