Le constructeur automobile américain Ford a vu ses ventes bondir au mois de décembre tandis que celles de ses concurrents GM et Chrysler ont continué à reculer sur la même période, ont-ils annoncé mardi, à quelques jours du début du salon de l'automobile de Detroit.

Ford a enregistré un bond de 32,8% de ses ventes sur un an aux États-Unis le mois dernier à 184 655 véhicules, un sommet «depuis mai 2008». Le groupe voit aussi ses ventes augmenter de 5% comparé à celles de novembre.

Pour Himanshu Patel, analyste de JPMorgan, ces chiffres sont «impressionnants» et meilleurs que prévu.

Ken Czuby, directeur des ventes de Ford, a souligné lors d'une conférence téléphonique que «2009 pourrait être l'année la plus mémorable de l'histoire de l'industrie automobile».

«Nous avons dû affronter une économie au bord de la dépression, il y a eu des faillites, des plans de sauvetages, des marques arrêtées, des prix cassés, un programme gouvernemental pour soutenir les ventes.... Avec pour résultat une évolution majeure dans la demande d'un mois à l'autre», a-t-il détaillé.

«La volatilité reste un élément» du contexte sectoriel début 2010, a-t-il ajouté, précisant toutefois que Ford regardait «2010 avec optimisme».

Sur l'ensemble de l'année 2009, la part de marché de Ford, seul constructeur américain à ne pas avoir fait faillite, a atteint 15%, «1% de plus qu'en 2008», soit «sa première hausse de part de marché sur une année entière depuis 1995».

Les dirigeants de Ford ont évalué les ventes totales de véhicules à 10,6 millions d'unités aux États-Unis en décembre, soit le plus bas niveau depuis 1983 d'après des chiffres du cabinet Auto Data.

Pour le mois de janvier, Ford table sur des ventes de 11,5 à 12,5 millions d'unités en rythme annualisé.

Ellen Hughes-Cromwick, chef économiste de Ford, a souligné que son groupe attendait une reprise des ventes mondiales cette année après leur recul des deux dernières années.

Après un sommet à 71,5 millions d'unités en 2007, les ventes sont tombées à 64 millions d'unités dans le monde l'an dernier, et devraient rebondir pour atteindre 65 à 75 millions d'unités, a-t-elle prédit.

Le premier constructeur automobile américain, General Motors (GM), a en revanche enregistré un déclin de ses ventes le mois dernier à 208 511 véhicules (-6,1%), plus important que prévu par M. Patel, alors qu'elles avait déjà cédé 2,2%.

En 2009, les concessionnaires GM ont «vendu 2,084 millions de véhicules, en baisse de 30% sur un an», a indiqué le groupe, attribuant notamment ce recul à «l'arrêt progressif des marques Pontiac et Saturn» et à la baisse des ristournes destinées à dopter les ventes.

Mike DiGiovanni, directeur des marchés mondiaux de GM, a qualifié l'année 2009 de «décisive pour (GM) à bien des points», voyant 2010 «comme une année où l'économie va continuer à se reprendre modestement, avec des ventes sectorielles amorçant une progression».

Susan Docherty, directrice des ventes de GM, a souligné lors d'une conférence téléphonique qu'il ne restait presque plus de voitures à écouler pour les marques arrêtées Saturn et Pontiac, et qu'il n'avait donc «pas besoin de faire de fortes ristournes ou de liquider les produits de ses marques non stratégiques».

Le troisième constructeur américain, Chrysler, a lui aussi vu ses ventes continuer à reculer (-4% sur un an en décembre) à 86.523 véhicules aux États-Unis, mais bien moins qu'au cours des mois précédents. En novembre, ses ventes avaient encore chuté de 25%.

Les ventes ont été tirées à la baisse par les camions (-14%), alors que celles de voitures ont progressé de 31%.

Le constructeur japonais Toyota a comme Ford vu ses ventes bondir en décembre (+22,9% sur un an) et reste numéro deux du marché américain avec une petite tête d'avance sur Ford à 187.860 unités écoulées.

Signe que les constructeurs asiatiques continuent à gagner des parts de marché aux États-Unis, son compatriote Nissan a vu ses ventes bondir de 18,2% à 73 404 véhicules le mois dernier.