L'annulation du rachat de Saab par le suédois Koenigsegg complique un peu la donne pour le constructeur automobile américain General Motors (GM) alors qu'il tente de réduire ses pertes, d'accélérer le remboursement de sa dette à l'État et de financer la restructuration d'Opel..

Koenigsegg a annoncé mardi à la surprise générale avoir abandonné l'offre de rachat de son compatriote, invoquant des retards trop importants et coûteux dans le bouclage de la transaction.

GM s'est aussitôt dit «déçu» de la décision de Koenigsegg, qui s'était allié au chinois BAIC pour racheter la marque suédoise.

«Beaucoup ont travaillé sans relâche ces derniers mois pour créer un projet pour l'avenir de Saab», a déploré le directeur général de GM, Fritz Henderson.

Il n'est d'ailleurs pas exclu que Koenigsegg ait à payer une indemnité à GM pour l'annulation de la vente, a indiqué un porte-parole de GM à l'AFP.

Mais Michelle Krebs, du cabinet Edmunds.com, n'est pas surprise que la vente soit tombée à l'eau: «l'acheteur était un constructeur de niche qui essayait de racheter un groupe beaucoup plus gros que lui. Il y avait aussi des doute sur le financement de l'opération», a-t-elle indiqué à l'AFP.

Pour GM, c'est en tout cas l'histoire de l'arroseur arrosé puisqu'il y a trois semaines, c'est lui qui avait au dernier moment annulé la vente du constructeur européen Opel/Vauxhall au canadien Magna et à la banque russe Sberbank.

GM va maintenant «évaluer la situation pendant les prochains jours et informera des prochaines étapes la semaine prochaine», a-t-il précisé dans un communiqué.

Le conseil d'administration de GM se réunira mardi prochain pour décider de l'avenir de Saab, a indiqué une source proche du dossier à l'AFP.

La question est de savoir si le groupe de Detroit va «garder Saab au sein d'Opel, s'il y a d'autres acheteurs, ou s'il va fermer Saab comme il l'a fait pour Saturn», note Mme Krebs.

Fin septembre, GM avait décidé d'arrêter de produire sa marque Saturn après l'échec des discussions pour une reprise par le distributeur de voitures Penske Automotive Group.

Pour David Cole, président du Centre de recherche sur l'automobile de Ann Arbor (Michigan), GM a «de bonnes chances de trouver un autre acheteur vu le nombre de sociétés chinoises riches en liquidités qui essaient de devenir des acteurs d'ampleur mondiale du marché automobile».

Acheter un constructeur européen relativement bon marché comme Saab pourrait leur offrir une entrée dans des marchés-clés et la technologie nécessaire pour être compétitifs au niveau mondial, précise-t-il à l'AFP.

Garder Saab est une option qui se heurterait à «la structure de coûts élevée en Suède», selon cet expert qui pense que le constructeur pourrait opter pour une fermeture pure et simple.

Rebecca Lindland, du centre de recherche automobile IHS Global Insight, juge elle aussi «peu probable que GM garde Saab» et estime que «trouver un autre acheteur risque de s'avérer difficile» car Saab perd de l'argent depuis deux décennies.

La situation avec Saab est «très différente de celle d'Opel, qui fait intégralement partie des activités de GM», poursuit l'analyste qui considère elle aussi la fermeture de Saab comme l'option la plus probable.

Cela n'aurait pas «beaucoup d'impact négatif sur les comptes de GM» car «ils ont maintenant de l'expérience dans le fait de réduire la voilure de certaines marques», explique Mme Lindland.

Dave Cole juge lui aussi que le revirement de Koenigsegg «n'aura pas beaucoup d'impact sur GM» car Saab représente «une part relativement faible de leurs activités».