Le constructeur américain General Motors et l'équipementier canadien Magna peinent à finaliser la vente d'Opel, sans cesse repoussée sous la pression des syndicats et de la Commission européenne.

Prévue à deux reprises la semaine dernière dans un cabinet de notaires de Francfort (ouest de l'Allemagne), la signature du contrat avait ensuite été repoussée à mardi ou mercredi. Peine perdue.

Mercredi, le directeur général du constructeur américain General Motors, Fritz Henderson a estimé une signature cette semaine «possible» dans un entretien à la chaîne financière CNBC, sans s'avancer davantage.

Des sources concordantes interrogées mercredi par l'AFP évoquaient la fin de la semaine, au plus tôt. Opel et l'équipementier canadien Magna n'ont pas souhaité commenter.

Depuis le mois de février dernier, quand GM avait envisagé pour la première fois la cession de ses activités européennes Opel/Vauxhall, le dossier Opel n'a cessé d'aller de rebondissement en rebondissement, toujours retardé alors que la transaction est particulièrement complexe et que de nombreux acteurs ont leur mot à dire.

Cela «ressemble à un thriller avec de multiples intrigues mais où la conclusion ne semble jamais vraiment remise en question», écrit le Financial Times dans son édition de mercredi.

En fin de semaine dernière, la Commission européenne est intervenue et a critiqué indirectement la façon dont l'Allemagne, où sont implantés la moitié des 50 000 emplois d'Opel, s'est immiscée dans le choix de Magna comme repreneur.

Le canadien, associé à la banque russe Sberbank, a toujours été le favori déclaré de Berlin, soupçonné d'avoir soutenu l'offre la plus favorable aux usines allemandes, aux dépens des autres sites européens.

Le gouvernement allemand a finalement envoyé un courrier à GM, lui demandant de confirmer que la procédure a bien suivi des critères économiques et non politiques, et satisfaire ainsi aux exigences de Bruxelles.

Mercredi, Berlin attendait toujours la réponse de l'américain, selon un porte-parole du ministère de l'Economie. «Nous ne pensons pas que cela va susciter des problèmes de fond puisque le processus de vente s'est exclusivement orienté vers des données économiques», selon lui.

Bruxelles avait d'ailleurs déjà baissé d'un ton mardi: «on n'a nullement l'intention de bloquer cette opération», avait déclaré le porte-parole de la Commission, Jonathan Todd.

Sur le front syndical, autre point crucial, les négociations n'avaient pas non plus abouti mercredi.

Le plan de cession d'Opel prévoit que les salariés européens prennent 10% du capital --Magna/Sberbank acquérant 55% et GM conservant 35%-- mais les discussions achoppaient sur les droits de cogestion y afférant. Les syndicats veulent notamment obtenir un «quasi droit de veto» sur les délocalisations et les suppressions d'emplois.

En Espagne, enfin, une nouvelle réunion entre les syndicats de l'usine de Figueruelas (nord) et Magna était prévue mercredi soir, sous les auspices des pouvoirs publics, après l'appel à quatre jours de grève lancé la veille par le comité d'entreprise.

Il proteste contre la suppression d'environ 1.300 postes (sur environ 7 000) et la délocalisation d'une partie de la production vers l'Allemagne.

Au final, même si l'issue de la transaction semble faire peu de doute, chaque nouveau retard affecte davantage la situation économique d'Opel, qui n'a dû son salut au printemps dernier qu'à l'octroi d'urgence par le gouvernement allemand d'un crédit-relais de 1,5 milliard d'euros, expirant fin novembre.

Mardi, le chef de la société fiduciaire en charge d'Opel, Fred Irwin, a appelé à une décision rapide. Opel «ne dispose de liquidités que jusqu'à mi-janvier 2010», selon lui.