La crise demeure mais les constructeurs automobiles réunis au Salon international de Francfort IAA se voulaient mardi prudemment optimistes en une reprise progressive du marché l'an prochain.

L'expression a même été utilisée à plusieurs reprises par les dirigeants du secteur. Ainsi Martin Winterkorn, le patron du numéro un européen de l'automobile Volkswagen, a estimé que «le secteur peut regarder vers l'avant avec un optimisme prudent».

Carlos Ghosn, le PDG de Renault, a lui rappelé qu'il a relevé sa prévision pour le marché mondial: sa «meilleure prévision pour l'année est d'environ 59 millions de voitures», alors que «nous envisagions environ 55 millions ou même moins en début d'année», a-t-il indiqué à la presse.

Les constructeurs automobiles ont été parmi les premiers à subir les effets -parfois brutaux- de la crise, déclenchée il y a un an par la débâcle de la banque américaine Lehman Brothers.

Mais ils ont aussi bénéficié ces derniers mois de l'instauration de mesures étatiques de soutien au secteur, des primes à la casse mises en place en Europe -notamment en Allemagne et en France- ou aux États-Unis, aux plans de relance chinois.

Conséquence, les ventes se sont redressées après des chutes parfois spectaculaires l'hiver dernier. Au total, sur les six premiers mois de l'année, les ventes en Europe ont reculé de 11% sur un an, selon l'Association des constructeurs ACEA.

Grâce à ces dispositifs, Volkswagen par exemple a pu indiquer mardi qu'il misait sur des ventes stables cette année.

Même du côté du haut de gamme, pourtant peu aidé par les primes à la casse, Dieter Zetsche, le patron de Daimler (marque Mercedes-Benz), indique que «les marchés commencent à montrer des signes de reprise». BMW n'anticipe plus une chute de 20% sur un an des ventes mondiales, mais dans une fourchette comprise «entre 10 et 15%», selon son directeur financier Friedrich Eichiner.

Mais reste un grand point d'interrogation pour le secteur automobile: la tenue du marché européen l'an prochain. La plupart des experts mise sur un retour de bâton quand expireront les dispositifs de prime à la casse. C'est déjà le cas en Allemagne.

Ainsi, Jean-Marc Gales, le directeur général marques de PSA Peugeot Citroën, prévoit un recul de près de 10% du marché automobile en 2010 en Europe. «La demande naturelle (soit indépendamment des aides publiques) ne se rétablira peut-être pas avant la deuxième moitié de 2010», a déclaré de son côté Tadashi Arashima, président de Toyota Motors Europe.

Au niveau mondial, la contre-performance de l'Europe pourrait être compensée par le dynamisme des marchés émergents, au premier rang desquels la Chine, l'Inde ou encore le Brésil.

«En-dehors de l'Europe, cela a l'air bien meilleur», a ainsi déclaré à la presse Detlef Wittig, le chef des ventes et du marketing de Volkswagen.

Selon le PDG de Renault, les marchés comme les Etats-Unis, la Russie ou le Moyen Orient, qui ont fortement reculé cette année, «vont monter l'année prochaine, peut-être pas substantiellement», mais «la tendance est à un certain rétablissement».

Deuxième appui, à moyen ou long terme, pour l'automobile: le développement des véhicules propres, dans lesquels tous les constructeurs ont fini par investir massivement, comme en témoigne l'étalage de modèles électriques dans les travées du Salon de Francfort, qui ouvrira ses portes jeudi au public.

Au final, tous veulent espérer, à l'instar de Norbert Reithofer, le patron de BMW, que «la mobilité individuelle a un avenir».