Le géant automobile japonais Toyota a, pour la première fois en 72 ans d'histoire, signé l'arrêt de mort probable d'une usine en annonçant vendredi son départ de Nummi, la coentreprise qu'il détenait avec son concurrent américain General Motors en Californie.

Cette décision a été prise après l'annonce en juin par General Motors (GM), en faillite, de son propre retrait de Nummi (New United Motor Manufacturing Inc.), fondée en 1984 et qui emploie 4.700 personnes.

Sauf dans le cas improbable d'une reprise par un autre groupe, le retrait de Toyota revient à liquider purement et simplement Nummi, qui deviendra ainsi la toute première usine fermée par le constructeur nippon en 72 ans d'histoire.

Après le départ de GM, «Toyota a étudié de façon détaillée les alternatives possibles, à la lumière des conditions de marché présentes et à venir. En nous basant sur cette étude, nous avons déterminé qu'à moyen et long terme, il ne serait pas viable économiquement de poursuivre le contrat de production avec Nummi», a déclaré lors d'une conférence téléphonique le vice-président de Toyota Atsushi Niimi, qui dirige les opérations du groupe en Amérique du Nord.

«Les coûts d'exploitation sont très élevés en Californie», a-t-il expliqué, notamment parce que les fournisseurs sont basés très loin, dans le Midwest.

«C'est très malheureux, et nous regrettons profondément d'avoir à prendre cette décision», s'est-il lamenté. Selon lui, «Nummi a été un modèle de collaboration industrielle entre le Japon et les Etats-Unis».

M. Niimi s'est toutefois refusé à admettre que la décision de Toyota revenait à fermer l'usine, capable de produire 400.000 véhicules par an.

«Le contrat de production avec Toyota se terminera le 31 mars 2010. A la fin de ce contrat, ce que deviendra Nummi dépendra des négociations entre la direction de Nummi, l'ex General Motors et Toyota», a-t-il déclaré.

Il s'est refusé à pronostiquer ce que deviendront les 4.700 employés, et n'a fourni aucune estimation du coût du retrait pour Toyota.

Basée à Fremont, près de San Francisco, Nummi est détenue à parité par Toyota et par General Motors. Il s'agit officiellement d'une entreprise «indépendante» liée à ses deux propriétaires par des contrats de production.

La production par Nummi de modèles Pontiac Vibe pour General Motors a cessé le 17 août. Pour Toyota, Nummi produit la berline Corolla et le 4x4 Tacoma.

La production des Tacoma sera transférée vers l'usine Toyota de San Antonio (Texas, Etats-Unis), et celle des Corolla vers Cambridge (Ontario, Canada) ainsi qu'au Japon. «Nous restons fermement engagés à maintenir une présence substantielle en termes de production aux Etats-Unis», a affirmé M. Niimi. «A cette fin, nous envisagerons de transférer davantage de production de Corolla en Amérique du Nord au fil du temps», a-t-il promis.

Frappé par l'effondrement du marché, Toyota, premier constructeur automobile mondial depuis 2008, a subi les toutes premières pertes de son histoire lors de l'exercice 2008-2009 clos fin mars, et prévoit de rester dans le rouge cette année.

Avec la fermeture de Nummi, «Toyota commence à entrevoir la lumière au terme de sa cure d'amincissement», a commenté Yasuaki Iwamoto, analyste chez Okasan Securities.

Mercredi, Toyota avait annoncé le gel d'une ligne de production dans son usine de Takaoka, au Japon. Selon les médias, le groupe envisage également de suspendre, sans toutefois les démanteler, des lignes de production dans son usine du Derbyshire (Royaume-Uni) ainsi que sur d'autres sites japonais.

Au final, Toyota devrait ainsi réduire de 10% ses capacités mondiales de production, ce qui correspond à environ un million de véhicules par an.