L'Allemagne a déclenché jeudi une dernière offensive pour permettre la vente du constructeur automobile Opel à son candidat favori, le canadien Magna, tandis que le verdict de la maison-mère américaine General Motors est imminent.

Le gouvernement fédéral est prêt à présent à avancer seul les aides publiques réclamées par Magna pour l'achat du constructeur en difficulté. L'idée évoquée jusqu'à présent était que ce fardeau soit partagé avec les autres pays européens accueillant des sites Opel, c'est-à-dire la Grande-Bretagne, la Pologne et la Belgique.

«Nous avons proposé à (la maison-mère d'Opel) General Motors de mettre l'intégralité de la somme à disposition», a déclaré le négociateur en chef du gouvernement dans ce dossier, Jochen Homann, dans une interview. L'Allemagne a déjà apporté un crédit d'un milliard et demi d'euros à Opel.

Le gouvernement abat ainsi ses dernières cartes cependant que le groupe américain GM doit réunir vendredi son conseil d'administration, a indiqué une source proche du dossier à l'AFP.

Le ministre de l'Economie Karl-Theodor zu Guttenberg attend à cette occasion que GM exprime sa préférence pour l'un des deux repreneurs potentiels de sa filiale allemande. En plus de Magna, l'investisseur financier belge RHJ reste encore en lice.

Les dirigeants de Magna s'efforceraient d'amadouer la direction de General Motors avant qu'elle ne prenne une décision, selon la presse allemande. Une rencontre est encore prévue ce jeudi à Detroit, rapporte le journal populaire à grand tirage Bild. Un représentant de la banque publique russe Sberbank, sur laquelle s'appuie Magna pour son offre et qui suscite des réticences côté américain, serait aussi invité, écrit le journal.

Berlin espère conclure au plus vite un dossier qui empoisonne depuis des mois la vie politique du pays, à l'approche des élections législatives du 27 septembre.

Il y a deux mois pourtant, l'affaire semblait réglée. Le gouvernement allemand avait annoncé en grande pompe avoir choisi Magna, adossé à Sberbank, pour voler au secours d'Opel qui emploie environ 25 000 personnes en Allemagne et était alors menacé par la faillite de General Motors.

Magna et GM avaient même signé une lettre d'intention en ce sens mais n'ont jamais réussi par la suite à finaliser leur accord, ce qui avait permis à RHJ, qui semblait un temps hors course, de revenir en lice.

Depuis, Berlin n'a eu cesse de soutenir l'équipementier canadien. «Notre préférence va clairement à Magna. Magna a de l'expérience dans la construction automobile, et il présente le meilleur projet», a souligné une nouvelle fois la chancelière Angela Merkel, dans un entretien à paraître vendredi dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung.

Le fait que l'offre de Magna soit adossée à des capitaux russes n'est d'ailleurs pas un problème, a souligné la chancelière.

Mais General Motors a jugé pendant longtemps l'offre de RHJ plus attractive et plus facile à mettre en oeuvre, faisant ainsi jouer la concurrence entre les deux candidats et les incitant à améliorer leur copie.

D'après les dernières versions de leurs projets, Magna prévoit d'apporter 350 millions d'euros de capitaux propres et 150 millions de crédit à Opel (pour 4,5 milliards d'aides publiques), tandis que RHJ a promis 275 millions de capitaux propres et veut des aides publiques d'un montant maximal de 3,8 milliards.

Une fois que General Motors aura rendu son avis, le groupe de travail mis en place par Berlin pour gérer le dossier Opel devra encore l'examiner et se mettre d'accord avec la société fiduciaire qui gère actuellement les activités du constructeur automobile et a récupéré les avoirs de GM Europe (à l'exception du suédois Saab, vendu séparément).