Un million de voitures électriques sur les routes d'ici 2020: le gouvernement allemand s'est fixé mercredi un objectif ambitieux mais s'est gardé d'en chiffrer le coût à l'approche des élections.

Le «plan national pour le développement de l'électromobilité», adopté en conseil des ministres, mentionne dans ses dernières pages que «le gouvernement étudie un programme d'incitations pour l'achat de 100 000 voitures électriques», mais sans donner de chiffres.

Berlin rappelle seulement qu'une enveloppe de 500 millions d'euros comprise dans les plans de relance budgétaires déjà adoptés «profite pour l'essentiel à l'électromobilité».

Le gouvernement de grande coalition d'Angela Merkel prévoit d'encourager la recherche et l'adoption de normes pour les voitures électriques, depuis les batteries jusqu'aux systèmes de recharge.

Les besoins en électricité de ces véhicules doivent être couverts par le recours aux énergies renouvelables.

Certains défenseurs de l'environnement et des industriels espéraient que le gouvernement déciderait aussi d'une prime à l'achat de voitures électriques ou de ristournes fiscales, s'inspirant de ce qui existe aux États-Unis ou au Japon.

Mais le texte final ne fait aucune promesse, alors que Berlin a mis 5 milliards d'euros sur la table pour un système de prime à la casse, indépendant de toute considération écologique, qui a fait bondir les ventes de voitures «traditionnelles».

«Le gouvernement a fait une prime à la casse pour faire vendre une vieille technologie, mais ne prévoit pas d'incitation pour l'achat de nouvelles voitures électriques», a critiqué la présidente du groupe parlementaire des Verts, Renate Künast.

Le ministre de l'Economie, Karl-Theodor zu Guttenberg, a lui donné rendez-vous après les élections législatives du 27 septembre.

«Nous devrons nous poser la question de comment inciter à l'achat, mais ce sera pour le prochain gouvernement», a-t-il déclaré mercredi lors d'une conférence. Ce nouveau cabinet devra gérer un endettement record, conséquence de la crise économique et des plans de relance.

Le ministre des Transports, Wolfgang Tiefensee, a de son côté relevé que la question ne se posait pas immédiatement, car les constructeurs allemands ne commenceront la production en série de voitures électriques qu'à partir de 2011.

M. zu Guttenberg veut par ailleurs croire que l'Allemagne «n'a pas raté le train» de la voiture électrique, alors que les entreprises asiatiques sont bien plus avancées que les constructeurs allemands.

Le japonais Nissan a présenté début août au public son premier modèle de voiture entièrement électrique, la Leaf, qui doit être commercialisée en masse fin 2010. L'allemand Volkswagen pense lui proposer sa première voiture à batterie en 2013.

Le principal problème posé par les voitures électriques reste lié aux batteries au lithium, lourdes, de faible autonomie et chères, «entre 10 000 et 15 000 euros pièce» selon le ministre allemand de l'Économie.

«Nous ne devons pas passer de la dépendance au pétrole à la dépendance aux batteries», a dit M. zu Guttenberg, plaidant pour une production nationale.

L'association allemande VCD, qui veut promouvoir des transports «propres» a jugé qu'il «serait bien meilleur pour le climat d'encourager la construction de voitures plus économes en carburant.»

Le VCD rappelle que «un million de voitures électriques est prévu pour 2020 - contre 50 millions de voitures à diesel et essence».