La prise de contrôle de Porsche par Volkswagen met fin à une longue bataille entre les deux frères ennemis et le premier constructeur automobile européen veut désormais ravir au japonais Toyota son titre de numéro un mondial.

«VW et Porsche entrent dans une nouvelle ère, l'entreprise a les moyens de devenir numéro un» mondial devant le japonais Toyota, s'est félicité vendredi Martin Winterkorn, le patron de Volkswagen qui prend la tête de Porsche, lors d'une conférence de presse à Wolfsburg (nord).

Les deux groupes ont approuvé jeudi la prise de contrôle de Porsche par Volkswagen, premier constructeur européen. Porsche, spécialiste des voitures de sport et longtemps le constructeur le plus rentable du monde, ne sera plus que la dixième marque du premier constructeur automobile européen. L'opération devrait être bouclée d'ici la mi 2011.

Elle prévoit également une entrée de l'émirat du Qatar au capital de VW, qui apporte ainsi son soutien financier.

Cet accord met fin à un feuilleton entamé à l'automne 2005, pendant lequel deux des grands noms du secteur automobile allemand se sont livrés à de violentes passes d'armes et à des démonstrations de force.

Au départ, c'est Porsche qui devait racheter VW. Le but du constructeur de voitures sportives et de gros 4X4 était de réduire ses émissions moyennes de CO2 avant l'entrée en vigueur en 2012 d'une nouvelle législation européenne anti-pollution. Les petites Polo ou Skoda de VW, peu gourmandes, auraient compensé les émissions de ses bolides.

De plus, Porsche qui utilisait déjà les chaînes de montage de VW, entendait protéger son puissant partenaire contre une éventuelle entrée à son capital d'un investisseur étranger.

L'affaire s'est révélée très rentable pour Porsche, qui a réalisé des milliards d'euros de gains grâce à des montages financiers complexes liés à sa montée au capital de VW.

Mais l'assaut lancé par le «petit» Porsche avec 12.000 salariés contre le mastondonte de Wolfsburg (nord), fort de 360.000 salariés, a été violemment rejeté par le comité d'entreprise de ce dernier, soutenu par le puissant syndicat IG Metall.

L'ex-patron de Porsche Wendelin Wiedeking avait encore jeté de l'eau sur le feu en se disant prêt à s'attaquer aux «vaches sacrées» chez Volkswagen, où les représentants du personnel disposent d'un poids important.

Les affrontements entre les deux groupes --opposant leurs directions, leurs comités d'entreprise, les directions aux représentants des salariés-- a fait les choux gras de la presse pendant des mois et sont même remontés devant la justice.

L'opération n'était pas non plus vue d'un bon oeil par l'Etat de Basse-Saxe (nord), actionnaire de VW, qui craignait d'y perdre son influence.

Mais la crise financière, en compliquant le financement de ce rachat, a renversé complètement la situation: ployant sous le poids d'une dette de 9 milliards d'euros, Porsche a été contraint de passer sous la coupe de son concurrent. L'échec de son ambitieuse opération va en plus entraîner une lourde perte sur son exercice 2008/09.

Cette saga a aussi mis une nouvelle fois en exergue le rôle prépondérant joué par Ferdinand Piëch, président du conseil de surveillance de Volkswagen. Du haut de ses 72 ans et connu sous le sobriquet du «patriarche», il oeuvre depuis des années en coulisse à l'élargissement de VW.

Son nom renvoit aussi aux origines communes des deux groupes. Il n'est autre en effet que le petit-fils de Ferdinand Porsche, fondateur de la marque du même nom, mais aussi père de la «Coccinelle» qui contribuera au succès de VW.