Un mois après sa sortie de faillite, le constructeur automobile General Motors a frappé un grand coup en annonçant la commercialisation de son modèle électrique Chevy Volt, qui promet quatre fois plus d'économies de carburant que le modèle pionnier, la Prius du japonais Toyota.

L'ex-numéro un mondial de l'automobile, ressorti considérablement amaigri du redressement judiciaire au terme duquel il est aujourd'hui contrôlé à plus de 60% par l'État américain, a annoncé mardi la production en série fin 2010 de sa voiture électrique, qui sera commercialisée en 2011.

La berline Chevrolet Volt «sera le premier véhicule produit à grande échelle capable d'atteindre des économies de carburant à trois chiffres», a vanté le patron de GM, Fritz Henderson, lors d'une présentation au grand public et à la presse.

La «Chevy Volt», dont le prototype avait été dévoilé début 2007, promet une consommation de 230 miles par gallon en ville, soit 1,02 litre d'essence aux 100 km. La Prius, initialement introduite en 1997 aux États-Unis et qui s'est déclinée sous une quatrième génération cette année, affiche quant à elle 4,7 litres aux 100 km.

Cette performance était saluée par plusieurs analystes, alors que GM, à l'instar des deux autres constructeurs nationaux Ford et Chrysler, s'est fait distancer par les constructeurs asiatiques dans les voitures propres ces dernières années.

Techniquement, la Chevy se présente comme une voiture électrique plus qu'une hybride.

La berline aura pourtant une double motorisation, mais «le moteur à essence ne propulsera pas la voiture, il permettra de générer l'énergie nécessaire à recharger la batterie», explique Michelle Krebs, analyste du cabinet Edmunds.

«Là où la (Chevy) Volt va apporter beaucoup plus, c'est par la technologie qu'elle utilise», avec la batterie au lithium au coeur du dispositif, souligne Bertrand Rakoto, du cabinet Polk.

«De nombreux détenteurs de Chevy Volt pourront être sur un mode 100% électrique au quotidien sans avoir à utiliser de carburant», a assuré Fritz Henderson.

Le modèle peut fonctionner avec une charge de batterie sur 64,3 km, soit la distance quotidienne moyenne que font 8 Américains sur 10, selon une étude du département aux Transports.

Interrogé par l'AFP, GM n'a pas donné le prix de vente de la Chevy Volt.

Des analystes évoquent un prix de 40 000$, à mi-chemin entre les hybrides entrée de gamme -20 000$- et les modèles haut de gamme, plus chers.

C'est plus cher que le prix d'une berline de taille moyenne, véhicule le plus acheté sur le marché, qui oscille autour des 25 000$.

Même si les hybrides représentent moins de 3% du marché américain, «c'est un segment où il faut être présent pour l'image de la gamme», juge M. Rakoto.

Une image que GM a plus que jamais besoin de redorer, alors que le groupe a passé un mois en dépôt de bilan et existe aujourd'hui sous quatre marques seulement, Buick, Cadillac, Chevrolet et GMC, contre une dizaine avant la crise.

Diane Swonk, analyste chez Mesirow Financial, fait partie des sceptiques quant au bond technologique de GM face à son rival Toyota.

«Je serai très surprise que Toyota n'ait pas mis au point cette technologie. Mais c'est une chose d'avoir la technologie, c'en est une autre d'en faire un marché de masse», avance-t-elle.

Michelle Krebs émet pour sa part des doutes quant à la consommation effective des 230 miles par gallon, se faisant l'écho «d'experts, comme des constructeurs de batteries, selon qui ces chiffres ne sont pas réalistes».