Le groupe français de pneumatiques Michelin a subi vendredi ses premières pertes nettes semestrielles depuis une quinzaine d'années, en raison de la chute des ventes et du coût des plans de restructuration notamment en France.

Le groupe a affiché une perte nette de 122 millions d'euros, les premières depuis 1993, après avoir passé des charges de 292 millions d'euros correspondant aux plans de restructuration lancés en France et aux Etats-Unis.

Michelin avait annoncé à la mi-juin la suppression de 1.093 postes dès 2010 portant sur les sites de Tours, Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire), et Noyelles-les-Seclin (Nord), appelé à fermer.

Les marchés de pneumatiques ont été «en très forte baisse au premier semestre», a souligné vendredi Jean-Dominique Senard, gérant du groupe.

Pour l'heure, Michelin ne voit «pas encore» de reprise économique touchant le secteur, même s'il y a «un certain nombre de signaux d'amélioration liés à la fin d'un grand mouvement de déstockage», a indiqué M. Senard. Mais «la visibilité est extrêmement faible», a-t-il ajouté.

Au premier semestre, les volumes de ventes de Michelin ont accusé une baisse de 23%, reflétant la chute des marchés, et le chiffre d'affaires a reculé de 13,4% à 7,1 milliards d'euros.

Les marchés du pneu équipant les véhicules neufs ont particulièrement souffert, en raison notamment des déstockages des constructeurs automobiles, et de façon plus large les pneus poids lourds. L'ensemble des zones a été concerné, sauf en Chine.

Le groupe a fait état d'«une certaine reprise d'activité» dans les usines, mais à un niveau qui reste «inférieur à l'année dernière».

Dans ce contexte de baisse des volumes, Michelin a bénéficié d'un effet de prix favorable, en vendant plus de pneus haut de gamme que des premiers prix tout en maintenant ses tarifs.

Evoquant le plan de restructuration en France, le groupe a réaffirmé son objectif de «zéro licenciement» en tablant sur son futur programme de départs volontaires.

Sur le premier semestre, Michelin a dégagé un cash flow libre de 575 millions d'euros, grâce à la «maîtrise des stocks» et à la «réduction sensible des dépenses d'investissement».

Au deuxième semestre, le groupe estime être encore en mesure de générer un cash flow libre positif, mais «de moindre ampleur qu'au premier semestre», selon M. Senard.

Michelin n'entend «pas relâcher (ses) efforts dans les mois qui viennent, même si l'évolution des cours des matières premières doit soutenir la rentabilité du second semestre», a assuré le patron du groupe Michel Rollier, cité dans un communiqué.

L'impact encore négatif du coût des matières premières au premier semestre (117 millions) devrait en effet s'inverser dans la deuxième moitié de l'année, selon le groupe, qui chiffre l'impact favorable de la baisse des prix entre 500 et 600 millions sur l'année. Un effet qui pourrait perdurer au premier trimestre 2010.

Michelin va maintenir ses investissements dans les zone à forte croissance. Le groupe a programmé l'extension de ses capacités de production de pneus poids lourds en Chine, la construction d'une usine de pneus destinés aux poids lourds et au génie civil en Inde et la construction d'une usine de pneus tourisme et camionnette au Brésil.

A la Bourse de Paris, les résultats ont été bien accueillis: à 15h25 (13h25 GMT) l'action Michelin progressait de 4,22% à 49,51 euros dans un marché en baisse de 0,26%.