L'avenir de Mecachrome, fabricant franco-québécois de pièces pour les industries de l'aéronautique et de l'automobile, est plus que jamais compromis depuis que la Cour supérieure du Québec a refusé d'approuver une entente de refinancement conclue au début du mois.

La société, dont le siège social est situé à Montréal, est en restructuration judiciaire au Québec et en France depuis la mi-décembre.

Sous la supervision des tribunaux, Mecachrome tente depuis plusieurs mois de restructurer son capital afin de poursuivre ses activités sur de nouvelles bases. De nombreuses discussions ont eu lieu avec les détenteurs d'obligations de l'entreprise, mais les deux parties n'ont pas encore réussi à s'entendre.

 

Accord refusé

Face à ce cul-de-sac, Mecachrome s'est résignée, ces dernières semaines, à conclure un accord avec ses prêteurs intérimaires, qui la maintiennent en vie pendant la restructuration en échange d'un droit de reprise de ses biens. Ces investisseurs - des fonds de capital-risque de la Caisse des dépôts de France et le Fonds de solidarité de la FTQ - étaient prêts à verser 55,7 millions d'euros pour acquérir toutes les actions du Mecachrome restructuré, dont une part de 30 millions d'euros serait allée aux créanciers canadiens non garantis, pour un recouvrement maximum de 12% de ces dettes.

Or, le comité des obligataires de Mecachrome s'est opposé à la proposition des prêteurs intérimaires, ce qui a incité la Cour supérieure à la bloquer. Et cela, en dépit du fait que le contrôleur nommé par la Cour supérieure, le cabinet comptable Ernst&Young, avait sérieusement mis en garde contre un rejet de l'offre.

«Si (la proposition) n'est pas approuvée ou que de nouveaux délais surviennent, cela pourrait sérieusement nuire à la viabilité de Mecachrome», a écrit le contrôleur Mario Denis, dans un rapport daté du 9 juillet. On y fait état de discussions avec la direction de l'entreprise selon lesquelles des clients «considéreraient probablement» de se tourner vers d'autres fournisseurs si l'incertitude devait se prolonger.

Pire, un échec du refinancement pourrait forcer Mecachrome à mettre fin à ses activités canadiennes, a ajouté M. Denis, en soulignant que celles-ci dépendaient du soutien de la filiale française, qui reste le coeur du groupe.