Frank Stronach est catégorique: la voiture électrique est le véhicule de l'avenir. Et le richissime homme d'affaires est prêt à investir beaucoup d'argent pour que le Canada devienne le leader dans ce domaine.

Rentré de Vienne dimanche soir, le propriétaire de Magna International était de passage sur la colline parlementaire hier afin de montrer le dernier prototype de la voiture électrique: une Ford Focus bien silencieuse alimentée par une batterie conçue par les ingénieurs de Magna.

L'objectif de cette visite à Ottawa: convaincre le gouvernement fédéral de lui consentir un prêt pour qu'il puisse accélérer les investissements nécessaires pour ouvrir une première usine d'assemblage au Canada.

«Dans environ six ans, au moins 15% des voitures vendues seront des voitures électriques ou des hybrides. Dans 12 ans, au moins 30% des voitures vendues seront électriques ou des hybrides», a affirmé M. Stronach au cours d'une conférence de presse.

«Magna a déjà investi plus de 200 millions de dollars dans les produits de voitures électriques. Magna compte investir 100 millions de dollars de plus pour créer une usine de fabrication de batteries. Nous aimerions établir cette usine au Canada. Nous sommes déjà courtisés par plusieurs États américains. Mais nous voulons faire nos investissements au Canada», a-t-il ajouté.

En fin de semaine, Magna International a mis la main sur Opel, filiale européenne de GM, au terme d'un marathon de négociations. Magna détient maintenant 20% de l'entreprise, la banque russe Sberbank 35%, GM 35% et les salariés 10%.

Le président fondateur de Magna croit qu'il serait possible de fabriquer des voitures électriques et des moteurs compatibles à grande échelle d'ici trois ans. Mais il faut que tous les ingrédients soient réunis pour que cet échéancier soit respecté. Il a indiqué qu'il compte une équipe d'ingénieurs au Canada, aux États-Unis et en Europe qui travaillent sur cette voiture de l'avenir.

«Nous voulons investir dans la construction de voitures électriques de manière très sérieuse. J'ai confiance que Magna sera l'un des leaders dans le monde dans la fabrication de voitures électriques», a dit Frank Stronach.

«J'aimerais beaucoup que les premières usines de fabrication des voitures électriques soient établies au Canada. Si nous obtenons un prêt, nous savons que nous pourrons accélérer les choses. Nous aurions ainsi la certitude que ce serait au Canada», a-t-il ajouté.

L'homme d'affaires n'avait toutefois pas plus détails à offrir aux journalistes au sujet de ses intentions. Combien pourrait coûter une telle voiture? Combien de voitures compte-t-il fabriquer par année? Combien d'usines d'assemblages au Canada? Le Québec pourrait-il accueillir une usine d'assemblage? Autant de questions qui demeurent sans réponses pour le moment.

«Nous n'avons pas de détails spécifiques encore. Nous voulons juste faire savoir au gouvernement que nous sommes très sérieux dans notre engagement et que nous aimerions en discuter», a-t-il dit.

Cela dit, Frank Stronach a salué la décision des gouvernements du Canada, de l'Ontario et des États-Unis d'investir massivement - 40 milliards US - pour sauver GM. La chute de cette entreprise aurait eu des conséquences désastreuses pour l'économie nord-américaine.

Toutefois, M. Stronach a soutenu qu'il faut un changement de mentalité majeur dans l'industrie de l'automobile en Amérique du Nord. «Il y a trop de confrontation entre l'employeur et les travailleurs. Il faut changer cela. Cela va prendre quelques années, mais il faut changer cela», a-t-il commenté.

Par ailleurs, l'homme d'affaires d'origine autrichienne a indiqué qu'il prévoit qu'Opel fera ses frais d'ici trois ans et commencera à enregistrer des profits par la suite. Magna, dont le siège social est situé au nord de Toronto, est le plus important fabricant de pièces d'automobiles au Canada. L'entreprise compte 74 000 employés répartis dans 25 pays.