Le président Barack Obama se livre à une nouvelle intervention aussi extraordinaire que risquée avec la prise de contrôle par l'État de General Motors, grand symbole du capitalisme américain.

Et devant les aléas économiques et politiques d'un projet qui aurait paru impensable il y a peu, M. Obama a signifié qu'après le sauvetage du constructeur automobile, il n'avait qu'une chose en tête: désengager le gouvernement le plus vite possible.

Les inquiétudes soulevées par cette opération, dans laquelle l'État déboursera 30 milliards de dollars (en plus des 20 milliards déjà dépensés) pour sauver General Motors et prendra 60% de l'ancien géant industriel, qui autrefois, lui imposait ses volontés, sont multiples.

L'une des plus vives concerne ce qui adviendra si le plan de restructuration avancé pour GM, et passant par un dépôt de bilan, ne ramène pas l'entreprise à la compétitivité.

M. Obama a affirmé sa confiance dans un plan «viable et réaliste qui donnera à cette entreprise américaine emblématique la chance de se redresser».

«Cet accord achète peut-être un peu de temps», a rétorqué l'un des chefs de ses adversaires républicains, John Boehner, «mais nous n'avons aucune assurance de la réussite de GM». «La seule chose qui soit claire, c'est que le gouvernement est profondément engagé dans la gestion d'entreprises (privées) grâce à l'argent du contribuable», a-t-il ajouté.

Selon un sondage de l'institut Rasmussen, 56% des Américains préfèreraient voir GM disparaître plutôt qu'être renfloué par l'État; 32% seulement préfèreraient le contraire.

Après l'intervention du gouvernement en faveur de Chrysler et des institutions financières, et après un gigantesque plan de relance économique, beaucoup d'Américains se demandent jusqu'où ira la nouvelle administration avec «l'argent du contribuable».

L'administration a clairement signalé que, sauf circonstances exceptionnelles, la rallonge de 30 milliards de dollars pour GM sera la dernière.

Se livrant à un exercice délicat, M. Obama a expliqué que la faillite de GM, mais aussi Chrysler aurait «causé des dégâts énormes à notre économie, au-delà de l'industrie automobile». Il a jugé qu'il valait mieux pour le gouvernement se résigner à entrer dans GM le temps de la restructuration plutôt que ces entreprises ne deviennent «les pupilles permanentes de l'Etat», tributaires de son assistance financière.

Mais le gouvernement se comportera en «actionnaire récalcitrant» de GM, a-t-il dit.

«Ce que nous ne ferons pas, ce qui ne nous intéresse pas, c'est de gérer GM», a-t-il dit, soulignant qu'il y aurait une direction pour cela.

«En résumé, notre objectif, c'est de remettre GM sur pied, de nous tenir à l'écart et de nous désengager rapidement», a-t-il assuré.

Déjà, non seulement les adversaires de M. Obama comme M. Boehner, mais aussi des entrepreneurs comme la dirigeante de Xerox, Anne Mulcahy, réclament une «stratégie de sortie».

Mais M. Boehner veut aussi savoir comment M. Obama va réconcilier ses intentions déclarées de maintenir GM à flot sans se mêler des affaires courantes et la décision de renforcer les normes d'émission et de consommation des véhicules qui, selon lui, vont signifier encore davantage de délocalisations d'emplois à l'étranger.

Le risque politique, à cet égard, est considérable pour M. Obama, un an avant les élections à mi-mandat.

Il a lui-même reconnu qu'avec la restructuration, «d'autres emplois vont disparaître. D'autres usines vont fermer».

M. Obama dépêchera à partir de mardi une volée de ministres et de responsables dans quatre États concernés au premier chef: Indiana, Michigan, Ohio, Wisconsin.