C'est la fin d'une époque. General Motors (gm) a déposé son bilan lundi matin, pour s'engager dans un processus de redressement judiciaire qui devrait durer de 60 à 90 jours et implique la fermeture de 11 de ses usines et la mise au chômage technique de trois autres.

Une nouvelle société sera créée pour reprendre les actifs les plus rentables du groupe, dont les engagements financiers seront réduits de plus de moitié, a expliqué un haut responsable de l'administration de Barack Obama à l'Agence France-Presse.

L'État fédéral américain lui apportera 30,1 milliards US et contrôlera 60% de son capital. L'État canadien et la province de l'Ontario verseront 9,5 milliards US et obtiendront 12% des actions.

Le fonds de retraite des salariés de General Motors prendra 17,5%.

Enfin 10% reviendront aux anciens créanciers détenteurs d'obligations non garanties ayant souscrit au plan de restructuration.

GM Canada

Les dirigeants de GM Canada, entité indépendante de la maison mère américaine, étaient toujours en pourparlers hier soir pour déterminer s'ils recourront à la protection des tribunaux pour se restructurer. «C'est encore en train de se décider, on va travailler ça jusqu'à la dernière minute ce soir», a indiqué à La Presse Sandra Perron, porte-parole de l'entreprise.

Des dizaines de milliers de travailleurs et retraités en Ontario et au Québec attendent avec appréhension l'annonce du président de GM Canada, Arturo Elias, cet après-midi.

Aux États-Unis, le grand patron de GM, Fritz Henderson, de même que le président Barack Obama tiendront des conférences de presse en fin d'avant-midi pour exposer leur vision de l'entreprise «post-restructuration».

Dans une «fiche technique» publiée par l'administration Obama, GM a confirmé que, conformément à son plan de redressement présenté en février, il allait fermer 11 sites et en mettre trois au chômage technique.

GM se mettra à l'abri de ses créanciers en vertu de la loi américaine sur les faillites, le fameux Chapter 11.

Selon des sources gouvernementales, un «nouveau GM» pourrait émerger de la faillite au plus tard à la Fête du travail, soit le 7 septembre prochain.

L'entreprise fondée il y a 101 ans aura un tout autre visage une fois la restructuration terminée. General Motors prévoyait licencier plus de 20 000 employés au cours des prochains mois, en plus de se départir de quatre bannières (Saturn, Saab, Hummer et Opel) et de supprimer la marque Pontiac. GM fermera aussi 42% de ses concessionnaires au Canada et aux États-Unis.

Les détenteurs d'obligations, qui avaient rejeté la semaine dernière une première proposition, recevront 10% des actions.

Les actionnaires actuels de l'ex-numéro un mondial de l'automobile perdront l'intégralité de leur mise.

Louis Hébert, professeur de gestion stratégique à HEC Montréal, s'attendait depuis deux ans à un dépôt de bilan de GM. La restructuration judiciaire est selon lui nécessaire pour assurer «à court terme» la survie de l'entreprise, qui a accumulé des pertes titanesques de 82 milliards de dollars américains depuis cinq ans.

«On vient d'acheter quelques années de survie à General Motors, mais dans le long terme, ça reste risqué», a fait valoir M. Hébert pendant un entretien téléphonique.

Échéance pour Chrysler

La semaine sera aussi mouvementée pour le constructeur américain Chrysler, qui s'est placé sous la protection des tribunaux en avril dernier aux États-Unis. Le juge Arthur Gonzales, du tribunal new-yorkais des faillites, doit se prononcer aujourd'hui ou demain sur la création d'un «Chrysler nouveau» composé seulement des actifs les plus sains du constructeur.

La nouvelle société serait détenue à 20% par le constructeur italien Fiat, à 55% par un fonds géré par les syndicats et à 10% par les gouvernements américain et canadien. Fiat pourrait hausser sa participation jusqu'à 35%.

La division canadienne de Chrysler ne s'est pas placée sous la protection des tribunaux, malgré son dépôt de bilan au sud de la frontière. Ce qui, selon des experts, est de bon augure pour GM Canada.

«Je crois que GM a pris grand soin de mettre en place un processus lui permettant de continuer à aller de l'avant et de continuer à payer ses fournisseurs», a dit à La Presse Canadienne le président de la firme AutomotiveCompass, Bill Pochiluk.

Aux États-Unis, le gouvernement planifie de nommer Albert A. Koch, un partenaire principal de la firme AlixPartners, comme chef de la restructuration judiciaire de GM, rapportait hier le site internet du New York Times. Les associés de cette firme travaillent depuis des semaines à l'ébauche d'un plan de redressement de l'entreprise, indique-t-on.

Le président Barack Obama tentera de se faire rassurant ce matin dans son discours au peuple américain, soulignant l'importance de l'industrie automobile pour le pays et le besoin d'un nouveau départ pour GM, rapportent d'autres sources.

Le discours aura lieu à 11h55, suivi quelques minutes plus tard par la conférence de presse du PDG de General Motors.

Par ailleurs, le groupe canadien Magna a annoncé le week-end dernier son intention d'acheter 20% d'Opel, la division allemande de GM.