«Vente de fermeture». Le slogan placardé dans le pare-brise des véhicules de Ste-Thérèse Chevrolet ne laisse place à aucune ambiguïté : les choses vont mal chez GM (GM) . Très mal.

Le fabricant en déroute a annoncé il y a 10 jours qu'il ne renouvellera pas les contrats de franchise de 42% de ses concessionnaires au Canada, environ 300 au total. La succursale de Ste-Thérèse, au nord de Montréal, n'a pas attendu cet ultimatum avant de mettre la clé sous la porte. Le directeur Marcel Béliveau a annoncé la triste nouvelle à ses employés à la mi-mai et tente ces jours-ci d'écouler ses derniers modèles.

Partout au pays, l'humeur des franchisés de GM oscille entre colère, stupéfaction et résignation. Une importante réorganisation du réseau s'est aussi mise en branle depuis 10 jours, qui se traduira par de multiples transactions entre les concessionnaires.

«Tout le monde est dans cette game-là d'acheter et de vendre en ce moment, dit Jean-Claude Gravel, qui possède quatre concessions GM à Montréal. Le réseau va se refaire au complet. Je dirais que le 1er septembre, ça va être une nouvelle géographie.»

Les marchands se sont tous vu offrir une compensation de GM pour fermer leurs commerces d'ici octobre 2010. Certains, comme le copropriétaire de Laurier Pontiac Buick GMC de Québec, Alexandre Saillant, jugent les montants offerts «absolument» insuffisants.

D'autres ont carrément refusé les offres de GM et tenteront de maintenir leurs commerces ouverts coûte que coûte. Ils n'auront malheureusement pas beaucoup de recours, dit Michael Hatch, économiste en chef de la Corporation des associations de détaillants d'automobiles du Canada.

«Je ne vois pas quels recours les concessionnaires pourraient avoir, indique M. Hatch. Pour qu'un contrat soit valide, il doit être signé par deux parties. Si une des deux parties refuse, il n'y a pas de contrat.»

Les commerçants récalcitrants sont toutefois minoritaires, souligne la porte-parole de GM, Sandra Perron. Un «très haut nombre» de concessionnaires a accepté les offres de dédommagement, particulièrement au Québec, a-t-elle dit à La Presse Affaires.

Des dizaines de succursales fermeront ainsi leurs portes dans province, jusqu'à 70 sur 148 selon certaines informations que l'entreprise refuse de confirmer.

Aussi, malgré l'importante réorganisation à venir, la crise chez GM ne signifiera pas la disparition pure et simple de 300 concessionnaires au Canada. Plusieurs tenteront d'attirer de nouvelles bannières concurrentes dans leurs installations, notamment des fabricants japonais.

«Dans certains cas, le gars perd Pontiac mais dans sa ville il n'y a pas de Mazda, souligne Jean-Claude Gravel, propriétaire de quatre succursales GM. Peut-être que Mazda va rentrer dans la bâtisse. Il ne ferme pas nécessairement.»

Autre lueur d'espoir pour les marchands de voitures : le nombre de véhicules vendus au Canada est resté stable en avril, révèle une étude publiée hier par la Banque Scotia. Il s'en est écoulé 1,42 million en nombre annualisé, «bien au-dessus» du volume de 1,34 million enregistré au premier trimestre, souligne le document.