Le gouvernement américain assemblait méthodiquement vendredi les dernières pièces du puzzle d'un dépôt de bilan de General Motors (GM) , voulant régler un maximum de dossiers avant que le juge ne se saisisse de ce qui sera la faillite la plus complexe de l'histoire du pays.

Selon les médias locaux, le dépôt de bilan de l'entreprise qui fut pendant 77 ans le numéro un mondial de l'automobile devrait intervenir lundi.

Le calendrier de l'activité gouvernementale la semaine prochaine semble accréditer cette date: une douzaine de membres du cabinet seront dépêchés à partir de mardi dans les grands états automobiles de l'Ohio, du Michigan, de l'Indiana et du Wisconsin pour expliquer la politique du gouvernement.

L'administration du président Barack Obama a déjà expliqué qu'elle voulait que les actifs sains du constructeur automobile soient repris par un «nouveau GM» aussitôt que possible après un dépôt de bilan. Le Trésor contrôlerait dans un premier temps 72,5% du capital du groupe restructuré.

Pour éviter que le groupe languisse des années sous contrôle judiciaire, le gouvernement souhaite présenter au juge un plan de restructuration tout ficelé, avec l'accord des principales partie prenantes, comme il semblait en passe d'y parvenir vendredi sur le dossier, certes plus simple, de Chrysler.

La nouvelle offre de restructuration de la dette obligataire non garantie présentée jeudi reflète cette ambition. Les créanciers se sont vu offrir 25% du capital du «nouveau GM», au lieu de 10% dans une première offre du Trésor, à la condition expresse de soutenir devant le tribunal le plan gouvernemental.

Un premier groupe de créanciers, représentant environ 20% de la dette concernée, a déjà donné son accord. Selon le New York Times, le Trésor est en discussions avec un nouveau groupe, pesant 30% de la dette. En revanche, plusieurs associations de petits porteurs --ils sont plus de 100 000 à avoir investi dans la dette de GM-- campaient sur leur refus initial.

Les porteurs d'obligations ont jusqu'à samedi 17H00 (21H00 GMT) pour se prononcer. Le Trésor ne s'est pas fixé un seuil minimal d'acceptation mais se déterminera en fonction de la qualité des créanciers soutenant son plan, avait expliqué jeudi un responsable gouvernemental sous couvert d'anonymat.

Avant de déposer le bilan, GM devra aussi avoir reçu le feu vert des adhérents du syndicat de l'automobile UAW à l'accord signé entre leurs représentants et la direction de GM. Dès celui-ci obtenu, le constructeur annoncera de nouvelles mesures de restructuration, avec la disparition de milliers d'emplois et la fermetures d'usines sur le territoire nord-américain.

Mais la liste des tâches à accomplir par le gouvernement au cours de ces trois jours pour déminer le terrain d'une faillite ne s'arrête pas là.

GM va devoir soutenir ses équipementiers, dont la plupart, déjà très fragilisés, ne survivraient pas à une interruption massive de la production de GM. Nommer un nouveau conseil d'administration ne reflétant pas sa nationalisation de fait. Préciser le sort des marques dont il entend se débarrasser comme Hummer, Saab et Saturn....

Himanchu Patel, analyste automobile chez JPMorgan, relève que le montant total d'argent injecté par l'Etat dans GM (près de 60 milliards de dollars) est supérieur de 31 milliards à ce que le groupe jugeait indispensable à son fonctionnement il y a un mois seulement.

Cette somme pourrait servir à rembourser les porteurs de dette garantie (6 milliards), consolider Delphi, son principal équipementier (8 milliards), liquider les actifs invendables du «vieux GM» (2 à 3 milliards) et soutenir la société de crédit automobile GMAC (1,6 milliard), souligne M. Patel.

Tout à sa tâche à Washington, le groupe de travail du gouvernement sur l'automobile va devoir aussi s'impliquer davantage dans le dossier de la filiale européenne Opel, où il s'est attiré l'ire de Berlin.