L'avenir des constructeurs automobiles Opel, Chrysler et General Motors dépendait toujours vendredi de discussions très tendues se déroulant simultanément en Allemagne et aux États-Unis.

Le sort du groupe allemand Opel, propriété du numéro un américain General Motors (GM), faisait l'objet des négociations les plus âpres, prenant même une tournure de petite crise diplomatique entre Berlin et Washington.

GM a été critiqué par plusieurs parties prenantes à ce mécano industriel et financier géant, pour tenter de faire monter les enchères pour Opel.

Vendredi, c'était au tour du groupe italien Fiat de manifester sa mauvaise humeur, critiquant lui aussi la rallonge réclamée par GM.

Le groupe transalpin, tout en réaffirmant son intérêt pour une fusion avec Opel, a annoncé avoir «décidé de ne pas participer aux réunions que le gouvernement allemand veut organiser à Berlin aujourd'hui (vendredi) et qui ont pour unique sujet le soutien financier d'urgence pour Opel».

«Nous avons déjà offert d'apporter nos activités automobiles» en vue de les fusionner avec Opel, «il ne peut pas nous être demandé plus», a insisté le patron du groupe Sergio Marchionne, dans un communiqué de Fiat.

L'équipementier canadien Magna, également en lice pour reprendre Opel et qui semblait d'accord pour avancer les 300 millions d'euros demandés par General Motors, refuserait à son tour de participer à la surenchère, estimant inacceptables les exigences de GM, selon le site internet du quotidien allemand Bild.

Du coup, le gouvernement allemand a menacé d'annuler la réunion au sommet prévue vendredi s'il ne dispose pas de propositions concrètes, notamment de la part de la maison-mère General Motors, selon un porte-parole.

L'atout de Magna semble être ses alliances russes. Son projet de reprise prévoit que la banque semi-publique russe Sberbank prenne 35% d'Opel à égalité avec GM. La banque russe est associée au groupe automobile GAZ que le Kremlin voudrait redresser avec la technologie d'Opel.

L'Union européenne est également concernée par le sort d'Opel, qui a des usines dans plusieurs pays européens, et une réunion des ministres de l'Economie ou de l'Industrie de l'UE est prévue vendredi après-midi «avec les pays européens intéressés et peut-être la direction de General Motors», avait indiqué jeudi un diplomate.

Hors Allemagne et Royaume-Uni, les sites produisant des voitures Opel et Vauxhall, filiale britannique de GM, sont implantés en Belgique, en Espagne et en Pologne. Au total, GM emploie en Europe 55 000 personnes, en tenant compte également de sa filiale suédoise Saab, également en cours de restructuration et placée sous la protection de la loi sur les faillites.

S'agissant de General Motors lui même, sa restructuration semblait en bonne voie après l'annonce jeudi d'une nouvelle version du plan du Trésor américain, plus favorable aux créanciers.

Ce plan prévoit que le «nouveau GM» sera détenu à 72,5% par les pouvoirs publics américains, à 17% par le fonds à gestion syndicale chargé de financer la couverture médicale des retraités du groupe, et à 10% par les créanciers obligataires. GM a jusqu'au 1er juin pour présenter un plan de restructuration lui évitant le dépôt de bilan.

Le sort de Chrysler, le plus petit des trois constructeurs américains, est également en jeu, devant le tribunal des faillites de New York qui devait poursuivre ses auditions vendredi. En cas d'aval de la justice, Chrysler, qui a déposé son bilan le 30 avril, pourrait sortir de la faillite.

Selon le plan de restructuration, un «nouveau» Chrysler doit être formé à partir des actifs sains de l'actuel constructeur. Ce Chrysler sain serait entre les mains d'un consortium détenu à 20% par Fiat dans un premier temps (35% à terme).