Le gouvernement allemand faisait monter les enchères hier pour la reprise du constructeur Opel et laissait planer la menace d'un dépôt de bilan si les candidats n'amélioraient pas leurs offres.

«La semaine est décisive», a expliqué au cours d'une conférence de presse le porte-parole du gouvernement, Ulrich Wilhelm. Une décision départageant définitivement le canadien Magna, l'italien Fiat et le holding RHJ International est attendue «d'ici le milieu de la semaine», a-t-il promis.

Magna, adossé à la banque semi-publique russe Sberbank, est le favori de Berlin, mais Fiat ne désarme pas.

Une nouvelle réunion au sommet, menée entre autres par la chancelière et son ministre de l'Économie, Karl-Theodor zu Guttenberg, était prévue hier.

Angela Merkel, qui a téléphoné ce week-end au premier ministre russe Vladimir Poutine, doit aussi rencontrer le patron de Fiat, Sergio Marchionne, d'ici le milieu de semaine.

Entre-temps, Berlin veut que les prétendants à la filiale de General Motors (GM) améliorent leurs offres sur deux points centraux: le nombre des suppressions d'emplois et le montant des aides publiques.

Sinon, ce sera la faillite dans la foulée de celle qui menace la société mère américaine, a prévenu le ministre conservateur de l'Économie. Un scénario que les sociaux-démocrates, membres du gouvernement de coalition, ont eux toujours rejeté.

Au final, il faut «tout faire pour éviter une faillite et pour sauver le plus d'emplois possible», a tempéré le porte-parole du gouvernement.

«Les chances réelles de faillite sont faibles. Il faut plutôt le voir comme un argument dans les négociations», affirme pour l'AFP Jürgen Pieper, analyste de la banque Metzler.

«Il y a encore de l'espace pour des négociations. Mais disons que c'est réglé à 80%, et qu'il reste 20% de chances à Fiat de finalement remporter» la partie, a estimé M. Pieper.

Le holding RHJ, dont le principal actionnaire est le fondateur du fonds américain Ripplewood, semble hors jeu et reste discret. Pour leur part, Fiat et Magna rivalisent de concessions.

«Il y a des mouvements» dans les propositions des candidats, a indiqué hier M. Wilhelm.

Ainsi, Fiat, qui veut supprimer 10 000 emplois en cas de reprise d'Opel, jure désormais que seuls 2000 le seront en Allemagne, où aucune usine ne fermera.

Magna doit pour sa part revoir sa copie sur les 2200 emplois menacés dans la seule usine de Bochum et faire savoir s'il compte sur le gouvernement pour prendre en charge les pensions de retraite des salariés d'Opel.

Sur les aides publiques, Fiat a promis de rembourser les 6 milliards d'euros de garanties sur des crédits qu'il demande à Berlin dans les quatre prochaines années, selon le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung.

Au final, GM prendra seul la décision définitive. Mais lui aussi semble privilégier Magna.

«Le gouvernement allemand n'a pas de critères réellement objectifs pour Magna et contre Fiat. Mais GM, lui, a déjà eu un conflit avec Fiat (au terme de leur coopération en 2005) et peut craindre l'arrivée sur le marché américain d'un concurrent direct avec un ensemble Fiat-Chrysler-Opel», estime M. Pieper.

Avec Opel, Fiat, qui vient de nouer une alliance avec l'américain Chrysler, veut créer le deuxième groupe automobile mondial derrière le japonais Toyota.

Magna est un équipementier qui fabrique des pièces et monte des véhicules pour d'autres constructeurs, mais n'a jamais développé de voitures seul. Pour Opel, il veut coopérer avec le constructeur russe GAZ.