La restructuration à la hache du réseau de concessionnaires automobiles de Chrysler et de General Motors (GM)   aux Etats-Unis va laisser sur le carreau des dizaines de milliers de salariés, avec un impact social beaucoup plus sensible que la restructuration de leurs propres usines.

Chrysler a annoncé jeudi qu'il rompait ses liens avec 789 de ses concessionnaires, soit le quart de son réseau actuel. General Motors lui a emboîté le pas vendredi en annonçant vouloir se séparer à terme de 2.400 revendeurs, dont 1100 d'ici la fin de l'année prochaine.

A raison d'une cinquantaine d'employés par concession, cela pourrait se traduire par jusqu'à 150.000 suppressions d'emplois - soit deux dixièmes de point du taux de chômage, calcule l'économiste Joel Naroff.

Par comparaison, les plans de restructuration de GM et Chrysler ne prévoient «que» 47.000 et 3.000 suppressions d'emploi cette année respectivement.

Les deux constructeurs ont toutefois déjà connu plusieurs années de coupes draconiennes dans leurs effectifs: 32.000 emplois supprimés chez Chrysler depuis 2007, 31 000 chez General Motors sur la seule année écoulée.

Pour David Cole, président du Centre sur la recherche automobile, à Ann Arbor (Michigan, nord), l'effet le plus important de la fermeture annoncée des concessionnaires, c'est qu'elle «met le sujet des problèmes de l'industrie automobile sous les yeux de tout le pays»: la crise n'est plus seulement localisée dans quelques Etats de vieille industrie du MidWest où sont concentrées les usines des constructeurs automobiles américains.

«C'est plus douloureux localement» que les fermetures d'usines, juge George Magliano, responsable de la recherche sur l'automobile à IHS Global Insight. «Ces (vendeurs) étaient souvent le socle de toute une communauté».

Et puis, relève M. Magliano, «l'effet domino peut être significatif».

M. Cole juge que pour chaque emploi chez un concessionnaire, il y a trois emplois associés.

Pour autant, M. Magliano a souligné qu'il était «absolument» impossible que GM et Chrysler, confrontés à l'effondrement du marché américain en général et de leur part de marché en particulier, continuent de fournir un réseau de revendeurs dont la densité relève d'une autre époque.

Les constructeurs japonais ont déjà à peu près moitié moins de revendeurs que GM ne prévoit d'en garder.

«Cela fait dix ans qu'il essaient de réduire» le réseau, affirme M. Magliano.

«Tristement», relève Nigel Gault d'IHS Global Insight, «la seule façon d'arriver à cet ajustement a été d'en passer par le dépôt de bilan», déjà effectif chez Chrysler, et peut-être imminent chez General Motors.

Au moins, l'effondrement général du système a été évité.

«S'ils avaient carrément fermé les portes, l'impact (social) aurait été multiplié par 3 ou 4, rien que pour Chrysler. Et avec GM, vous voyez que cela aurait été un désastre», relève M. Naroff.

«L'impact (sur le chômage) va être important, mais le fait qu'on ait dépensé de l'argent pour stabiliser la situation et donner aux constructeurs une chance pour avoir un dépôt de bilan contrôlé et négocié a sûrement épargné beaucoup d'emplois», ajoute-t-il