Le constructeur automobile américain General Motors a engagé vendredi une très sévère restructuration de son réseau de distribution, en avertissant qu'il entendait se séparer de près de 2400 concessionnaires, dont 1100 d'ici la fin 2010.

Les concessionnaires dont la fermeture a été officialisée représentent déjà 18% du réseau actuel aux Etats-Unis du numéro un américain de l'automobile, selon un communiqué publié par le constructeur.

A terme, le constructeur veut le réduire de 40%, pour le faire passer de 5.969 points de vente à «environ 3.600 d'ici à la fin 2010».

«Il est impératif qu'un GM sain et viable ait un réseau de concessionnaires sain et viable qui puisse non seulement survivre mais prospérer durant des retournements du cycle économique. Il est évident que toutes les composantes de GM, y compris les revendeurs, doivent devenir plus petites et plus efficaces», a expliqué le vice-président de GM chargé des ventes Mark LaNeve.

Lors d'une conférence d'analystes, M. LaNeve a souligné que les concessionnaires ayant vu leur contrat révoqué vendredi étaient les moins performants, 400 à 500 d'entre eux ne vendant environ que 35 voitures par an.

Au total, il représentent 7% des ventes et 8% de l'inventaire, qui atteint 65 000 voitures dans les «showrooms» (il est habituel aux Etats-Unis que les acheteurs repartent au volant de leur nouvelle voiture).

«Ces concessionnaires souffraient, perdaient de l'argent, ils étaient en danger de sombrer de toutes façons», a ajouté M. LaNeve.

Le constructeur s'est refusé à publier la liste de concessionnaires touchés, à la différence de son petit concurrent Chrysler, qui la veille avait annoncé la fermeture dans les trois semaines de 789 points de de vente, de l'Etat de Washington à la Floride, du Maine au Texas.

La direction de GM, comme celle de Chrysler, n'a pas chiffré les suppressions d'emploi qui devraient découler de ces fermetures, mais les spécialistes estiment qu'à raison de près d'une cinquantaine de salariés par concessionnaires, jusqu'à 113 000 personnes pourraient être licenciées d'ici à la fin 2010 (s'ajoutant à une estimation de 38.000 pour Chrysler).

«Alors que le chômage est déjà à 8,9%, ça n'a pas de sens d'éliminer près de 150 000 empois bien payés dans le pays», s'est insurgée l'association des concessionnaires (NADA). «Rien que cette année, les fermetures de concessionnaires ont déjà mis plus de 50 000 Américains au chômage».

A ces critiques, M. LaNeve n'a pu que répondre que GM tenterait d'atténuer le choc autant que possible.

«Notre plan n'est pas de fermer qui que ce soit, mais de les aider à éteindre progressivement leur activité», a expliqué M. LaNeve.

«Nous voudrions que les concessionnaires réduisent leur activité entre maintenant et octobre 2010. Certains pourraient le faire plus tôt, cela nous conviendrait», a-t-il dit.

M. LaNeve a souligné que cette décision avait été prise indépendamment de toute considération sur un éventuel dépôt de bilan du constructeur à la fin du mois, que le directeur général Fritz Henderson jugeait «probable» lundi: «il faut le faire, que ce soit dans le cadre d'un dépôt de bilan ou non».

Quant à l'administration Obama, qui suit de près la restructuration de GM et Chrysler et n'a jamais caché que des «sacrifices» étaient nécessaires, elle a souligné que le groupe de travail présidentiel pour l'automobile «n'avait joué aucun rôle» dans la décision du constructeur.

Le Trésor a ajouté dans un communiqué que «sans l'intervention du président [Barack Obama], l'intégralité des réseaux de concessionnaires de Chrysler et GM aurait pu être perdue».