Le président des Travailleurs canadiens de l'automobile (TCA), Ken Lewenza, affirme que les gouvernements ontarien et fédéral obligent le syndicat à retourner à la table des négociations avec General Motors du Canada.

Selon M. Lewenza, les gouvernements ont imposé une date limite stricte, soit le 15 mai, pour que les deux parties en viennent à un nouvel accord.

Les gouvernements demandent au syndicat d'accorder à GM les mêmes concessions que celles consenties à Chrysler.

Si les négociations devaient se terminer dans l'impasse, les gouvernements cesseraient de fournir à la société son appui financier, a précisé jeudi M. Lewenza, et le constructeur pourrait alors être liquidé.

«Qui oserait penser que General Motors pourrait se retrouver dans une position où ils devraient possiblement liquider leurs actifs et ne plus exister ici au Canada? C'est pas mal effrayant», a lancé le dirigeant des TCA lors d'une conférence de presse.

Le ministre des Finances de l'Ontario, Dwight Duncan, a de son côté affirmé que GM se devait de prouver qu'il pouvait être rentable en allant de l'avant, faute de quoi le constructeur ne recevrait pas d'aide financière du gouvernement.

«Nous leur disons qu'ils doivent être rentables et concurrentiels. Sinon, d'après ce que je comprends, ils n'obtiendront pas d'entente de viabilité aux Etats-Unis, et par conséquent, les prêts gouvernementaux n'auront pas lieu», a-t-il déclaré jeudi.

Toutefois, Tony Faria, codirecteur de la recherche automobile à l'Université de Windsor, en Ontario, a jugé improbable que les gouvernements laissent disparaître GM, au point où les choses en sont rendues.

«Jusqu'à présent, les gouvernements, tant au Canada qu'aux Etats-Unis, ont tout fait pour s'assurer de la viabilité continue des compagnies, et tirer le tapis sous les pieds de GM Canada à ce stade-ci irait certainement à l'encontre de tout ce que les gouvernements ont fait jusqu'à maintenant», a affirmé M. Faria.

Le premier ministre ontarien Dalton McGuinty a indiqué avoir parlé à M. Lewenza et à un représentant de GM. Il a dit croire qu'une entente puisse être possible.

L'entente conclue le mois dernier entre les TCA et Chrysler prévoit réduire de 19 $ l'heure les coûts de main-d'oeuvre du constructeur en diminuant notamment les avantages sociaux des travailleurs. L'accord comprend les mêmes concessions que celles de l'entente précédemment conclue avec GM, mais ajoute notamment l'élimination de la couverture de l'hospitalisation en chambre semi-privée, du plan d'achat de voiture des employés et des programmes de rabais pour les frais de scolarité, dès l'année prochaine.

Le salaire des nouveaux travailleurs devrait également augmenter plus lentement qu'actuellement, et les usines de Chrysler devraient embaucher davantage d'employés à temps partiel et de contractuels.

GM Canada emploie actuellement 10 300 travailleurs à salaire horaire dans le sud de l'Ontario, à ses usines de montage de voitures et camions d'Oshawa, son usine de boîtes de vitesse de Windsor et celle de moteurs de St. Catharines. Le constructeur exploite également avec la société japonaise Suzuki l'usine CAMI à Ingersoll.