Les garanties tiennent-elles?

La réponse est simple: oui. En avril, le gouvernement fédéral a annoncé qu'il assurerait la garantie des voitures vendues cette année en cas de faillite.

Mais les concessionnaires en conviennent, la question des garanties turlupine leurs clients potentiels. «Ceux qui viennent dans nos bureaux, ils comprennent», explique Stéphane Robillard, de Girard Automobile à Repentigny. Reste, poursuit-il, qu'il y a des clients qui ne prennent même pas la peine de se déplacer...

 

Le bon moment pour acheter...

«Un acheteur qui paie comptant ne sera jamais aussi gagnant que cette année», foi de George Iny, de l'Association de protection des automobilistes.

Avec leurs surplus de véhicules, les manufacturiers y vont d'offres intéressantes qui s'appliquent aussi aux gens qui louent un véhicule, note le président de l'APA. Il conseille d'éviter les termes trop longs, comme les prêts sur 84 et 96 mois. Si on ne peut pas payer sa voiture neuve sur cinq ans, c'est qu'on doit se contenter d'un véhicule d'occasion, suggère-t-il.

Ces derniers mois, les prix de détail suggérés sont aussi en hausse. Mais l'expression le dit, ce sont des suggestions. Les concessionnaires offrent des rabais plus grands pour compenser cette augmentation affichée. «Ils préparent le terrain pour une hausse l'an prochain», dit M. Iny.

... mais attention à la valeur de revente

Dans son processus de restructuration, Chrysler risque fort d'abandonner des modèles. Pour la Corporation des concessionnaires d'autos du Québec, il n'y a pas de crainte à y avoir: les modèles qui disparaîtraient seront couverts par les garanties, comme les pièces et le service. M. Béchard donne l'exemple des modèles Oldsmobile abandonnés par Chevrolet.

Pour l'APA, il y a quand même un doute, qui est plus grand dans le cas des voitures que des camions de Chrysler. Ils pourraient être remplacées par des modèles de Fiat ou Mitsubishi. «Si le modèle est discontinué et qu'il n'a pas une très bonne réputation, ça ne vaut plus grand-chose», note M. Iny.

L'image en prend un coup

«C'est sûr que ça affecte l'image. On ne parle pas de l'achat d'un pain ou d'une pomme. On parle de l'achat d'un bien durable», lance JoAnne Labrecque, professeure à HEC Montréal. «Chrysler, ce n'est pas une marque forte pour l'instant.»

Déjà, pour les trois premiers mois de l'année, les ventes de Chrysler au Canada sont en recul de 29%, un plongeon plus marqué que pour l'ensemble de l'industrie (-22%). «Il y a tellement d'autres marques possibles où on peut magasiner...» poursuit Mme Labrecque.

Cette protection des tribunaux survient en plus en pleine crise économique, un autre facteur qui joue, selon elle: «Dans un climat d'instabilité, les gens sont sensibles au prix, aux valeurs sûres.»

Le chapitre 11

Se placer sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites ne signifie pas la faillite d'une entreprise. Un peu comme la loi canadienne sur les faillites et celle sur les arrangements avec les créanciers, elle permet à une entreprise en difficulté de continuer à fonctionner, tout en cherchant un accord avec ceux à qui elle doit de l'argent.

Cette restructuration se fait devant la cour et peut prendre plusieurs mois.

La guerre des concessionnaires à venir

En début de soirée hier, Chrysler Canada répétait ne pas être en processus de faillite de ce côté-ci de la frontière.

Si tel devait être le cas, la Corporation des associations de détaillants d'automobiles craint que les 454 concessionnaires Chrysler du Canada n'en paient le prix. La Corporation a formé un comité d'experts et d'avocats pour les défendre devant les tribunaux. Au Québec, il y a 97 concessionnaires Chrysler. Deux questions qui pourraient survenir, selon Jacques Béchard, de la Corporation des concessionnaires auto du Québec: Comment choisira-t-on éventuellement les concessionnaires à fermer? Et obtiendont-ils une compensation si on décide de les fermer contre leur gré?

Mais il semble qu'on n'en soit pas encore là.