À vingt-quatre heures de la date butoir fixée par Washington, le sort de Chrysler était mercredi entre les mains de quelques banques qui refusaient les termes de la restructuration financière du constructeur automobile, déjà acceptés par ses quatre principaux créanciers.

«La question essentielle, à présent, c'est: est-ce que les détenteurs de titres, les prêteurs, ceux qui ont l'argent, sont prêts à faire des sacrifices eux aussi? Cela, nous ne le savons pas encore», a résumé le président américain Barack Obama lors d'un déplacement dans le Missouri (centre).

M. Obama a fixé jusqu'à jeudi soir au troisième constructeur automobile américain pour présenter un plan de retour durable aux bénéfices. Sinon, ce sera le dépôt de bilan et toutes les incertitudes qui l'accompagnent.

Chrysler a misé sur trois axes: un plan industriel (un partenariat avec Fiat pour combler les carences de sa gamme), un plan social (pour réduire ses coûts de fonctionnement) et un plan financier (pour alléger le coût de sa dette).

C'est ce dernier qui semble poser le plus de problèmes.

Le PDG Robert Nardelli affichait pour sa part son optimisme auprès des salariés, auxquels il a envoyé un message laissant espérer un accord.

«Le département du Trésor a confirmé avoir conclu un accord préliminaire avec nos plus grands détenteurs de dette garantie pour effacer les 6,9 milliards de dollars dus par le groupe en échange de 2 milliards de dollars en numéraire», a-t-il expliqué dans cette note dont l'AFP a obtenu copie.

«Si cela se confirmait, cela nous ferait franchir un obstacle important dans sur la route vers la réussite à long terme, mais l'accord proposé doit toujours être approuvé par l'ensemble des créanciers».

Selon le New York Times, JPMorgan Chase, Citigroup, Morgan Stanley et Goldman Sachs, qui possèdent à eux quatre 70% de la dette garantie du numéro trois américain de l'automobile, se sont ralliés à la proposition du Trésor.

Ces quatre banques font partie de celles les plus aidées par Washington dans le cadre de son plan de stabilisation du système financier.

Mais il reste d'autres créanciers plus réticents, des banques plus petites et des fonds d'investissements.

L'Etat leur demande de renoncer à 71% de leur dû et leur propose du numéraire, et non des actions Chrysler dont la valeur est incertaine.

Interrogé sur l'avancée des négociations, le département du Trésor n'avait pas réagi mercredi à la mi-journée.

Un blocage des créanciers serait malvenu après les très larges concessions du syndicat automobile UAW. L'accord signé dimanche avec la direction doit permettre de réduire fortement les coûts de fonctionnement et interdit au salariés de faire grève pendant des années, en échange de l'attribution au fond de retraite maison d'environ 55% du capital du constructeur.

Cet accord est actuellement soumis au vote de ses 28 000 adhérents.

Enfin, troisième condition pour Washington, Chrysler doit conclure une alliance industrielle avec le constructeur italien Fiat, qui lui permettrait d'étoffer sa gamme.

M. Nardelli a indiqué dans sa note que Chrysler allait «continuer les négociations sur une alliance avec Fiat», sans autre précision.

«Il reste des obstacles et nous gardons notre optimisme et notre espoir», a affirmé le porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs.