Le constructeur américain Chrysler a envoyé vendredi une lettre à ses employés canadiens pour les avertir que, faute d'importantes concessions salariales, l'entreprise ne pourrait survivre.

«Le temps est compté: sans concessions syndicales, les activités de Chrysler Canada ne survivront pas longtemps», écrivent les patrons de Chrysler Robert Nardelli et Tom LaSorda, à la veille de la reprise, lundi, des négociations entre la compagnie et le syndicat des Travailleurs canadiens de l'automobile (TCA).

«Il ne reste pas beaucoup de temps. Nous n'avons que deux semaines avant une décision finale. Soyons clairs: il s'agit de la survie de Chrysler (...) et nous avons besoin de votre soutien», ajoutent-ils.

Cette démarche exceptionnelle s'ajoute aux pressions déjà exercées sur les TCA et les employés de Chrysler au Canada pour qu'ils acceptent une réduction du coût horaire du travail de 19 dollars canadiens (16 dollars américains).

Il s'agit de ramener ce coût actuellement de 76 dollars l'heure chez Chrysler au niveau de celui de Toyota Canada, qui est d'environ 57 dollars l'heure.

Le patron du constructeur italien Fiat avait réclamé une telle baisse de la rémunération horaire pour conclure une alliance avec Chrysler, dont dépend la survie du constructeur américain.

Et le ministre de l'industrie Tony Clement a lui aussi appelé le syndicat à des concessions jeudi, indiquant que faute d'un accord le gouvernement canadien ne fournirait pas des crédits dont Chrysler a besoin. Il avait aussi jugé «logique» la position de Fiat.

Le gouvernement canadien avait - comme le gouvernement américain - rejeté le plan de restructuration présenté par Chrysler le jugeant insuffisant et donné à la compagnie jusqu'au 30 avril pour revoir sa copie.

Le chef des TCA, Ken Lewenza, a pour sa part jugé «déraisonnable» la demande de réduction de 19 dollars de la rémunération horaire.

Dans leur lettre, MM. Nardelli et LaSorda déplorent que le syndicat n'aille pas assez loin dans les concessions et ne suive pas en la matière les lignes directrices fixées par le gouvernement.

«Ce refus de travailler dans le cadre des lignes directrices gouvernementales compromet l'avenir de Chrysler et de nos opérations au Canada», écrivent-ils.

Chrysler compte quelque 9400 employés au Canada, dont 8000 sont représentés par les TCA.