Durement frappés par une sécheresse qui a fait exploser le prix du foin, 3700 producteurs agricoles québécois recevront une aide de 12 millions, ce qui mettra fin à un différend entre Ottawa, Québec et l'Union des producteurs agricoles (UPA) qui dure depuis plusieurs mois.

Les détails de cette bonification du programme d'assurance récolte seront rendus publics aujourd'hui à Saint-Hyacinthe par la nouvelle ministre fédérale de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire, Marie-Claude Bibeau, et le ministre québécois de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, André Lamontagne, a appris La Presse.

L'an dernier, le Québec a connu son été le plus chaud en 146 ans, ce qui a provoqué des sécheresses historiques. Cette météo catastrophique a engendré une pénurie de foin qui a durement frappé plusieurs éleveurs. Certains se sont même résignés à vendre les bêtes qu'ils n'avaient plus les moyens de nourrir s'ils voulaient rester rentables.

Selon une enquête menée par le Centre d'études sur les coûts de production en agriculture au Québec, le prix moyen du foin au Québec en 2018 était de 199 $ la tonne métrique, comparativement à 166 $ en 2017. Le prix habituel du foin est d'environ 140 $ la tonne métrique, mais l'été 2017 a aussi été marqué par une sécheresse.

À cela s'ajoutent les coûts de transport. Les agriculteurs ont dû faire venir du foin d'une distance moyenne de 530 kilomètres en 2018, soit trois fois plus loin que la norme.

Dans certaines régions, la facture finale pour l'achat du foin était presque trois fois plus élevée que d'habitude.

L'assurance récolte bonifiée

C'est à la lumière de ces nouvelles données qu'Ottawa a accepté d'augmenter les compensations des agriculteurs. Les producteurs québécois se sentaient lésés d'un dédommagement de 16 millions de dollars, car Ottawa refusait jusqu'ici de revoir la méthode de calcul de leur assurance récolte de manière à refléter leurs pertes réelles.

Administré par La Financière agricole du Québec, le programme d'assurance foin et fourrages permet aux agriculteurs d'éponger jusqu'à 88 % de leurs pertes en fonction des précipitations enregistrées à la station météorologique la plus proche de leur ferme. Moins il pleut, plus ils sont indemnisés.

Dans plusieurs régions l'été dernier, il n'y a pas eu de pluie avant la 38e journée de croissance du foin. Une éternité, puisque les champs sont fauchés entre la 45e et la 50e journée de pousse. Or, des pluies diluviennes survenues sur de très courtes périodes de temps à la toute fin des récoltes ont haussé de manière considérable la quantité de pluie utilisée dans le calcul des prestations. Dans les faits, ces fortes précipitations ont eu peu d'impact sur la croissance du foin.

L'UPA, le syndicat qui représente les 42 000 producteurs agricoles du Québec, a milité pour que les précipitations soient modulées à la baisse. Un tel changement aurait permis aux agriculteurs de recevoir un dédommagement collectif de 64 millions l'an dernier. Ils avaient plutôt reçu 48 millions.

Le ministre Lamontagne pressait pour sa part Ottawa d'agir dans le dossier depuis son arrivée en poste.

Québec et Ottawa étaient d'abord parvenus à s'entendre pour revoir les règles en 2019, mais Agriculture et Agroalimentaire Canada jugeait qu'un changement rétroactif aux règles du programme était illégal sans une évaluation actuarielle des répercussions financières de la sécheresse de 2018.

À la lumière de l'enquête sur le prix du foin, La Financière agricole a pu ajuster les données utilisées dans le calcul de l'indemnité couvrant l'achat supplémentaire de foin en période de rareté.

Les producteurs recevront donc 60 des 64 millions demandés.