Même s'il fait de la gestion de l'offre sa «priorité à court terme», le premier ministre désigné, François Legault, n'a pas encore rencontré les Producteurs de lait du Québec.

Ceux-ci dénoncent le nouvel accord qui remplacera l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), qui ouvre une brèche dans la gestion de l'offre similaire à celle qui avait été accordée dans le Partenariat transpacifique (PTP).

Ils devaient rencontrer d'urgence le premier ministre sortant Philippe Couillard, mardi, pour analyser cet Accord États-Unis-Mexique-Canada (AEUMC). Or, la rencontre a été annulée, les libéraux de M. Couillard ayant été chassés du pouvoir.

«M. Legault ne nous a pas conviés à une rencontre», a indiqué le porte-parole des Producteurs de lait du Québec, François Dumontier.

Le premier ministre élu s'est plutôt entretenu au téléphone avec la ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland. Selon une attachée de la Coalition avenir Québec, M. Legault a alors «pu réitérer son engagement à soutenir le secteur agricole».

En point de presse mardi, au lendemain des élections générales, M. Legault a affirmé qu'il allait «tout faire» pour défendre et appuyer les producteurs de lait québécois.

Cependant, «j'ai besoin d'avoir plus d'informations avant de voir quels sont les scénarios possibles. (...) J'ai aussi, du côté de nos fonctionnaires, à avoir un briefing pour voir quelles sont les différentes options. Pour l'instant, on n'a pas établi quelles options seraient privilégiées», a-t-il déclaré.

M. Dumontier a dit comprendre que M. Legault ait besoin de temps pour apprivoiser ses nouvelles fonctions. Il a toutefois laissé savoir que son équipe souhaitait ardemment une rencontre dans les meilleurs délais.

«L'important, c'est qu'on puisse se parler rapidement, a-t-il affirmé. On espère faire ça dans les prochaines heures. Encore une fois, on attend des retours.

«On accueille très positivement le commentaire que M. Legault a fait à l'égard du fait que ce serait une priorité pour son gouvernement. On est rassuré de ça», a-t-il ajouté.

Même son de cloche du côté de l'Union des producteurs agricoles (UPA). Son porte-parole, Patrice Juneau, a indiqué que le syndicat essayait d'obtenir une rencontre le plus vite possible.

«On peut appeler ça un sentiment d'urgence, a-t-il affirmé. Qu'est-ce qui peut être fait, de quelle façon, par quels moyens est-ce que le gouvernement du Québec peut talonner Ottawa et mettre de la pression pour qu'il respecte ses engagements, notamment au niveau des compensations qui ont été promises.»

En campagne électorale, M. Legault est resté plutôt vague sur ses intentions. Il s'est bien gardé de faire siens les propos de M. Couillard, qui jurait vouloir prendre des moyens pour bloquer le nouvel accord. Ce dernier envisageait de déclarer l'Assemblée nationale non liée par l'AEUMC, et d'entamer des poursuites judiciaires.